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Auguste Roger Bibaye Itandas, PCA de l’ANPN : Le même je-m’en-foutisme
Publié le lundi 15 juin 2020  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Auguste Roger Bibaye Itandas,Chef d’Etat-major des armées gabonaises.
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La nomination de l’ancien chef d’état-major général des armées comme président du conseil d’administration de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) soulève son lot de questions.

Toujours la même désinvolture, le même je-m’en-foutisme, le même mélange des genres. Sans avoir préalablement été désigné administrateur, sans s’assurer de la compatibilité avec son statut actuel, un général de corps d’armée a été nommé président du conseil d’administration de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN). Auguste Roger Bibaye Itandas est censé remplacer Etienne Massard Kabinda Makaga, président du Comité de gestion de l’ANPN depuis janvier 2008. Comment est-on passé de comité de gestion à conseil d’administration ? Quel ministère le nouveau président représentera-t-il ? Quand et par quelle autorité a-t-il été nommé administrateur ? Comme toutes les nominations effectuées à l’ANPN depuis une dizaine d’années, celle-là soulève aussi son lot de questions.

Entre autisme et incurie

Certains parleront de pinailleries juridico-administratives. Mais, un militaire digne de ce statut ne transige ni avec l’esprit ni avec la lettre des textes. A maints égards, cette nomination en rajoute au climat de confusion et d’exaspération observé au ministère des Forêts et dans les établissements sous tutelle. A grand renfort de références aux textes, le Syndicat national des professionnels des Eaux et forêts (Synapef) a déjà eu à déplorer «des pratiques contraires à l’orthodoxie». Dénonçant des «dysfonctionnements répétés» tout en disant ne plus vouloir s’accommoder d’une «gestion approximative» et de «vices de procédures», il a notamment exigé l’«annulation (…) des nominations illégales intervenues lors des conseils des ministres du 05 décembre 2019, du 31 janvier et du 08 mai 2020.»

Avec la nomination d’Auguste Roger Bibaye Itandas, tout se passe comme si personne n’a jamais rien dit ou dénoncé. Pourtant, s’adressant au Conseil d’État il y a quelques semaines, Brainforest et le Centre d’action pour le développement durable et l’environnement (Cadde) avaient cherché à comprendre «comment des personnalités nommées en violation des textes législatifs et réglementaires auraient l’autorité morale et administrative (…) pour faire appliquer la loi.» Entre autisme et incurie, le gouvernement fait montre d’un ahurissant entêtement. Nomination après nomination, la loi n° 003/2007 du 27 août 2007 relative aux parcs nationaux comme le décret n° 00019/PR/MEF du 9 janvier 2008 fixant les statuts de l’Agence nationale des parcs nationaux sont systématiquement violés, particulièrement sur deux points : les modalités de sélection des impétrants et, les intitulés des organes de gouvernance ou fonctions à pourvoir.

Militarisation des parcs nationaux

Comme toujours, la nomination du président du conseil d’administration de l’ANPN s’est faite en violation des procédures. Nulle part, il n’est fait mention de l’identité de son prédécesseur. A aucun moment, on ne parle de l’organe actuellement en place, à savoir le Comité de gestion. Du coup, les précédents actes administratifs courent toujours. Il en résulte une situation inextricable, l’ANPN se retrouvant avec deux instances délibératives : un comité de gestion prévu par les textes et dirigé par Etienne Massard Kabinda Makaga et, un conseil d’administration fictif, s’appuyant sur son seul président. Tout simplement surréaliste ! Mettant en scène un ancien chef d’état-major général, ce vaudeville administratif nuit à l’image de la Grande muette, censée symboliser la loi et l’ordre. Comment un des plus hauts gradés de notre armée s’est-il retrouvé impliqué dans une basse opération de manipulation juridico-administrative? Pourquoi l’avoir mêlé à ce cafouillage mille fois dénoncé ? De notoriété publique, l’ANPN évolue en marge voire en violation de la loi, au gré des humeurs et intérêts de personnalités connues de tous. Auguste Roger Bibaye Itandas ne le savait-il pas ?

La désignation du président du conseil d’administration de l’ANPN suscite bien des réserves. Sur la reconversion des généraux à la retraite, sur le prestige de l’armée comme sur ses rapports au reste de la société, elle invite à la remise en cause. Sur la capacité du secrétariat général du gouvernement ou du Conseil d’Etat à faire respecter les règles et procédures, elle appelle réflexion. Nécessaire et urgente, cette évaluation peut prévenir des déconvenues à venir. Au vu du contexte, la nomination d’Auguste Roger Bibaye Itandas est la faute administrative et politique de trop. Si ce choix traduit une militarisation des parcs nationaux, il ne règle en rien la question du statut juridique des agents en charge de la lutte anti-braconnage. Dans le flou actuel, il expose même le pays à un risque majeur : la délégation des missions de police et de protection de pans entiers du territoire national aux partenaires internationaux de l’ANPN avec… l’aval d’un ancien chef d’état-major général.
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