Norbert Fargeon a, depuis Marseille (France) où il réside, écrit un courrier à l’attention du chef du gouvernement français, Edouard Philippe, pour lui demander d’intervenir dans le cadre de la procédure en cours contre son fils, Brice Laccruche Alihanga, en prison depuis décembre dernier dans le cadre de l’opération anti-corruption Scorpion. C’est un service du ministère des Affaires étrangères français qui lui a répondu courant mai en lui opposant une fin de non recevoir.
Le courrier, signé de la Direction des Français à l’étranger et de l’administration consulaire, est daté du 19 mai dernier.
« Vous avez souhaité attirer l’attention du Premier ministre sur la situation de votre fils, M. Brice Laccruche Alihanga, actuellement détenu au Gabon. S’agissant d’un ressortissant français détenu à l’étranger, votre message a été transmis (au ministère des Affaires étrangères)…« , indique le courrier ministériel.
« Comme vous le savez, dès l’annonce de son arrestation, le consulat général de Libreville a tout mis en oeuvre afin que votre fils puisse bénéficier de la protection consulaire (…). A ce titre, la consule générale a pu lui rendre plusieurs visites, y compris lors de sa garde à vue, puis à la prison centrale de Libreville, après son placement en détention provisoire. Suite à ces visites, elle est intervenue à plusieurs reprises auprès des autorités gabonaises concernant ses conditions de détention et la prise en charge de son état de santé », rassure le ministère français des Affaires étrangères.
Toutefois, celui-ci tient à faire savoir au père de Brice Laccruche que la France ne s’ingérera pas, outre mesure, dans le dossier en vertu du respect des principes d’indépendance de la justice et de la souveraineté des Etats. « S’agissant de la procédure judiciaire en cours, le respect de l’indépendance de la justice, la neutralité des affaires judiciaires qui s’impose au traitement des affaires judiciaires impliquant des ressortissants français à l’étranger et le respect de la souveraineté des Etats interdisent toute ingérence de nos postes consulaires et diplomatiques », écrit le ministère français des Affaires étrangères. C’est donc un fin de non recevoir que celui-ci oppose à la requête du père de Brice Laccruche Alihanga.
Pour rappel, l’ex-directeur de cabinet de la Présidence gabonaise et éphémère ministre a été interpellé et placé en détention début décembre dans le cadre de la vaste opération anti-corruption Scorpion qui a conduit sous les verrous de la prison centrale de Libreville une vingtaine d’ex-hauts responsables publics. Tous sont soupçonnés de corruption, détournement d’argent public et de blanchiment. Selon les premiers éléments de l’enquête, plusieurs centaines de milliards de francs CFA auraient été éludés des caisses de l’Etat en moins de deux ans.
Cette opération Scorpion est emblématique de la volonté des autorités gabonaises de lutter réellement contre la corruption qui a longtemps miné le pays. Depuis, six mois, le pays a opérer un véritable tournant en la matière, reconnaissent de nombreux hauts responsables publics internationaux.