a deuxième phase de l’opération de rapatriement des Gabonais, bloqués à l’étranger du fait du nouveau Coronavirus bat son plein. En atteste l’arrivée de compatriotes en provenance de la Tunisie, du Bénin et d’Éthiopie, le 21 mai dernier. Un retour toutefois douché de désillusion.
Joie et amertume ! Un cocktail d’émotions perceptible vendredi dernier dans le hall de l’aéroport international Léon Mba. Pas moins de 94 Gabonais confinés au Bénin, en raison de la fermeture des frontières, décrétée pour palier la propagation du Covid-19, ont foulé le tarmac en fin d’après-midi, après deux mois de calvaire. Juste après eux, en début de soirée, le tour est revenu à 52 autres passagers en provenance de Dubaï.
L’opération a débuté en matinée avec un vol en provenance de la Tunisie. Après débarquement, les arrivants ont été soumis aux tests de dépistage. D’une durée de 5 min, lesdits tests consistent à prélever les sécrétions nasales et buccales pour vérifier la présence du Covid-19 dans l’organisme, lutte contre le Coronavirus, oblige.
«Gloire à Dieu, je suis bien arrivée à Libreville ce matin. Nous avons passé les tests de la Covid et chacun est rentré libre chez soi sans confinement ni quarantaine. On nous contactera pour les résultats», a confié une journaliste qui était à Tunis pour des raisons médicales. «Je suis parti au Bénin le 16 mars. On a été bloqué pour cause de Covid. Nous avons passé deux mois et six jours. Nous sommes heureux de rentrer. Nous avons été dépistés et ils nous ont demandé de rester chez nous en attendant les résultats», renchérit Jean-Alfred L., en provenance du Bénin. Drôle de modus operandi. Pire, certains observateurs considèrent, à juste titre, cette pratique dangereuse. Et pour cause : en cas de résultat positif, le rapatrié aura déjà contaminé plusieurs personnes.
Contraintes
Le retour, tant attendu, au pays n’a cependant pas réussi à faire oublier le pénible séjour. «Nous sommes allés nous faire recenser au Consulat. Le consulat ne pouvant rien faire. Il fallait tout attendre de Libreville. Pendant ce temps, l’État n’a rien donné. Nous avons été obligés de repayer le loyer et il fallait chercher de quoi manger. Mais la Consule a été très formidable. Elle nous a donné l’argent qu’elle-même avait pour nous dépanner», témoigne dépité Siméon B.
Et ce dernier de rajouter, «ça été pénible. Moi je sors de Bitam et là-bas il n’y a pas de structure pour envoyer l’argent à l’étranger. Heureusement qu’on a des petites relations au Gabon». Une amertume partagée par le député du 2ème siège du département de la Douigny, Bonaventure Nzigou Mamfoubi, rentrant de Dubaï. L’élu de Moabi a d’ailleurs promis de tenir prochainement une conférence de presse pour donner son ressenti. Présente sur le même vol, une de ses compatriotes a été plus acerbe.
«Je suis vraiment fâchée contre le gouvernement. Je viens avec une dette de 5000 dirhams ici au Gabon. Je prends l’argent où ? Beaucoup d’autre sont restés à cause de cela. Moi j’ai supplié et j’ai eu la chance parce qu’à l’hôtel, ils me connaissent. J’ai l’habitude d’y descendre», fustige Berthe K.. Celle-ci indique que l’aide promise par l’État gabonais n’a pas été effective. Remontée, elle estime que la manne financière décaissée devait servir à éponger les notes d’hôtels et assurer leur alimentation durant le séjour forcé.
Autre écueil, l’absence criarde de bus à l’arrivée des passagers. Du coup, ces derniers ont éprouvé d’énormes difficultés à regagner leurs domiciles, surtout que l’heure du couvre-feu était largement dépassée.