Ce lundi 18 mai, dans un échange sur les réseaux sociaux, Judes Bertrand Mekame Mba, le conseiller en communication de Jean Ping, a tenté de défendre l’avocat Fabien Méré, accusé en France par sa nièce, une mineure de moins de 15 ans, de l’avoir agressé sexuellement. Maladroit, il a fini par déraper.
Eux qui sont pourtant si prompts à dénoncer les travers des proches du pouvoir, ils ne sont pas nombreux sur les réseaux sociaux à le défendre. Les partisans de l’opposition dite radicale, tant au Gabon qu’au sein de la diaspora, ne se bousculent, c’est le moins que l’on puisse dire, au portillon pour défendre Fabien Méré, l’avocat intime de Jean Ping, qui fait face en France à de graves accusations d’agression sexuelle sur mineure de 15. La victime ne serait autre que sa jeune nièce.
Ni Jean Ping, son mentor en politique, ni ses principaux lieutenants (Jean Eyéghé Ndong, Casimir Oye Mba…), ni aucune figure du reste de l’opposition radicale (Alexandre Barro Chambrier…), ni même aucun activiste (Laurence Ndong, Marc Ona Essangui) n’a dit mot sur cette affaire.
Silence coupable dans les rangs de l’opposition radicale et de la « résistance »
Il faut dire que tout ce monde est gêné aux entournures. L’affaire est gravissime et le mis en cause est un proche parmi les proches de Jean Ping. « En pareille circonstance, les gens se murent dans le silence ou arguent commodément de la présomption d’innocence pour justifier ce qui peut être perçu comme une lâcheté, c’est à dire ne pas condamner un tel acte odieux », explique un spécialiste en communication, installé à Port-Gentil, joint par téléphone.
Il en est un cependant qui fait exception. Qui a décidé de prendre la parole pour défendre le « compagnon de lutte », le « camarade Méré » placé dans un sacré pétrin. Le couard n’est autre que Judes Bertrand Mekame Mba. Hier lundi, le conseiller en communication de Jean Ping a tenté, à lui seul, d’assurer la défense de Me Méré. Las, le moins que l’on puisse dire, c’est que sa sortie a été complètement ratée.
« Vous êtes jaloux de lui »
En guise de lauriers pour son acte courageux, c’est une couronne d’épine, un opprobre généralisé que l’imprudent a récolté. En témoigne cet échange. Alors que les internautes l’interrogent sur cette sordide affaire, Mekame Mba nous trouve rien à dire que : « vous êtes jaloux de lui », provoquant aussitôt un tollé dans la gabonsphère, tant au sein des partisans de la majorité que de l’opposition.
« (C’est ça) la réponse d’un papa comme toi », lui répond en s’indignant une internaute. « Jaloux parce qu’il baise des petites filles de 15 ans ? », s’interroge, insurgée, une autre. En guise de réponse, le conseille com de Jean Ping ne trouve mieux à rétorquer que cette réplique sexiste : « tu aurais voulu qu’il te drague alors ? Mais toi, tu bois beaucoup. C’est ça ton défaut. » Le reste du propos est à l’avenant, du même tonneau. Pathétique.
Au-delà du fait divers sordide, il est une leçon politique à tirer. C’est ce que pense ce professeur en science politique de l’UOB. « L’opposition radicale ne sortira pas indemne de cette affaire, en particulier Jean Ping, mais aussi ce qui s’auto-qualifient de ‘résistants’ au sein de la diaspora et qui avaient pour habitude de manifester place du Trocadéro. Tout ce monde, qui a l’habitude d’invoquer la morale à tout bout de champ, est aujourd’hui placé face à ses contradictions. Lors de l’affaire Alexis Ndouna, ceux-ci n’ont pas manqué de pointer du doigt les relations entre ce pédophile présumé et les cercles du pouvoir. Mais quand l’un des leurs est en cause pour des faits similaires, c’est silence radio. Il n’y a plus de posture morale qui tienne », analyse l’universitaire.
Conséquences politiques
Et celui-ci de prédire que « cette séquence risque d’avoir des effets bien plus dévastateurs qu’on ne le croit pour ce camp politique. Les Gabonais sont très sensibles à ce genre d’affaires et ils n’ont pas la mémoire courte. Ceux qu’ils considéreront s’être rendus coupables de faits aussi scabreux par leurs silences complices en ressortiront décrédibilisés et en subiront les conséquences sur le plan politique, en particulier électoral », prévient l’universitaire, réputé pour sa perspicacité et sa finesse d’analyse.
L’ex-chef de file de l’opposition Jean Ping, en perte de vitesse et qui est ressorti encore plus affaibli de la crise du Covid-19 qu’il n’a pas su négocier, n’avait décidément pas besoins de ça.