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Nombre de décès liés au Covid-19 : Quels sont les pays d’Afrique les plus transparents ?
Publié le vendredi 15 mai 2020  |  LaLibreville.com
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© Autre presse par DR
Photo d`illustration coronavirus en Afrique
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Le continent compte beaucoup moins de contaminations et de morts que l’Europe. Mais les raisons avancées pour l’expliquer font débat. Entre autres hypothèses figurent l’absence de fiabilité quant aux statistiques fournies par les pays sur le nombre de décès réellement imputables à ce nouveau coronavirus. Si certains jouent le jeu de la transparence, d’autres se complaisent dans l’opacité, par stratégie ou tout simplement faute de moyens.

A la date du lundi 11 mai, l’Afrique et son 1,3 milliard d’habitants (17 % de la population mondiale) comptait 64 214 contaminations (soit 1,4 % du total mondial) et 2 293 morts (0,7 %), selon l’Africa CDC, le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies basé en Éthiopie. Deux mois après le premier cas connu sur le continent (le 14 février en Égypte), la catastrophe redoutée par de nombreuses organisations médicales et/ou gouvernementales ne s’est donc pas produite.

Qu’est-ce qui explique ce bon résultat ? Un élément fait consensus : la jeunesse de la population. Si le virus peut toucher tout le monde, on sait que la forme asymptomatique du Covid-19 frappe plutôt les jeunes et la forme grave les personnes âgées. En France, les trois quarts des morts ont plus de 75 ans. Or, seuls 5 % des Africains ont plus de 65 ans. Forcément, avec un âge médian (19,7 ans) deux fois inférieur à celui de l’Europe (42,5 ans), la population est moins vulnérable. Sans oublier qu’en Europe de l’Ouest, selon les pays, entre 30 et 50 % des décès sont intervenus dans des maisons de retraite, qui n’existent pas en Afrique.

Autres éléments qui jouent en faveur du continent : une densité et une mobilité de la population plus faibles. Les cas particuliers de l’Égypte et de mégapoles comme Lagos (Nigeria) n’y changent rien. À rebours des clichés, l’Afrique affiche une densité d’environ 40 habitants par km2, contre 180 au km² en Europe de l’Ouest. Même chose pour les échanges internationaux : on a beaucoup évoqué les liens nouveaux et en pleine expansion avec la Chine, mais ils restent marginaux à l’échelle mondiale. Un seul aéroport africain, celui de Johannesburg, figure dans le top 50. D’une manière générale, l’Afrique pèse pour seulement 2 % du commerce international.

D’autres éléments explicatifs sont encore avancés, à l’instar du climat. Des expériences in vitro à l’Institut Pasteur à Paris ont démontré que la chaleur ne bloquait pas le développement du virus. Depuis, des études britanniques et américaines ont cependant avancé que chaleur et humidité réduisaient son potentiel infectieux. Comme beaucoup de choses avec ce nouveau coronavirus, il est trop tôt pour trancher.

C’est le cas également de l’hypothèse avancée par des médecins africains, mais aussi le centre Pasteur du Cameroun, selon laquelle l’exposition régulière à des virus, parasites ou bactéries, pourrait renforcer la résistance immunitaire au coronavirus. Mais Là encore, il est scientifiquement trop tôt pour trancher.

Un autre facteur expliquerait pour partie le faible taux de mortalité : la relativement faible capacité à dépister et donc a attribué les décès au Covid-19. Sans compter le fait que certains gouvernements ne jouent pas tous, loin de là, le jeu de la transparence.

Selon les spécialistes de santé publique, de ce point de vue, les pays d’Afrique les plus vertueux se trouvent davantage au Nord (Maroc, Tunisie, Algérie notamment). En Afrique subsaharienne, parmi les pays dont le comptage est le plus rigoureux et donc le moins infidèle à la réalité figurent des pays tels que l’Afrique du Sud, le Botswana ou encore le Ghana, tous réputés pour leur solide gestion des affaires publiques.

La région la plus opaque ? L’Afrique centrale

En Afrique francophone de l’Ouest, le Sénégal et la Côte d’Ivoire se démarquent par la fiabilité de leurs statistiques. Le Bénin jouit également d’une appréciation positive. En Afrique centrale, les bons élèves sont nettement moins nombreux, comme le font observer les spécialistes. « L’Afrique centrale est le parent pauvre des statistiques sur le Covid-19. Souvent, elles n’existent que de façon très lacunaire. Il n’y a guère que le Gabon pour réellement jouer le jeu », explique un chercheur de l’Institut Pasteur. « Ailleurs, la situation est beaucoup plus opaque, qu’il s’agisse du Tchad, de la Guinée équatoriale, du Congo-Brazzaville, du Rwanda pour d’autres raisons, et a fortiori du Centrafrique qui est un Etat failli ou de la RDC, le pays le plus peuplé, où le nombre officiel de décès liés au Covid-19 est probablement assez largement sous-évalué », explique le chercheur.

« Les témoignages de mes collègues qui sont à Kinshasa vont tous dans le même sens », poursuit-il. « Ils disent que les gens qui ont de la fièvre, on leur dit qu’ils ont le palu. Et beaucoup de gens meurent et sont enterrés sans que l’on sache pourquoi », complète le chercheur. Dans ces conditions, difficile de connaitre le nombre exact de morts liés au Covid-19.

Enfin, la communauté médicale adjure le continent africain de ne pas relâcher sa vigilance et continuer à respecter gestes barrières et mesures d’hygiène. Le virus est loin d’avoir été éradiqué. La courbe des contaminations demeure à la hausse. Surtout, l’Organisation mondiale de la Santé met en garde contre le scénario d’une diffusion lente du Covid-19 sur le continent. La semaine dernière, le jeudi 7 mai, à Brazzaville, son bureau régional pour l’Afrique a dévoilé un modèle [qui] prévoit un taux de transmission plus lent, un âge plus bas des personnes atteintes de maladies graves et des taux de mortalité plus faibles , mais qui pourraient tuer 83 000 à 190 000 personnes au cours de la première année.

Si toutes les prévisions ne se sont pas révélées jusqu’à présent, loin sans faut, exactes, face à l’incertitude, la prudence devrait rester de mise.
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