Du propre aveu du porte-parole du Comité de riposte contre le Covid-19 au Gabon, le Dr Guy-Patrick Obiang Ndong, l’épidémie a fait un bond cette semaine. Une forte augmentation du nombre de cas positifs est en effet constatée. Mais paradoxalement, il ne s’agit pas d’une si mauvaise nouvelle. Explications.
Le Dr Obiang Ndong n’a cessé de le souligner cette semaine dans son point de presse quotidien sur l’évolution de l’épidémie. Le nombre de cas testés positifs au Covid-19 est en forte augmentation dans le pays.
« La propagation communautaire du Covid-19 évolue chaque jour de manière exponentielle. Ce jour, 65 nouveaux cas positifs ont été enregistrés. Ce qui représente un bon brutal », a déclaré jeudi 7 mai le porte-parole du Comité de riposte.
Même son de cloche le lendemain, vendredi. « La pandémie du Covid-19 prend de l’ampleur dans notre pays, au regard du nombre sans cesse croissant des nouveaux cas enregistrés », a-t-il indiqué à la presse.
Si de telles annonces, nécessaires au nom de la transparence, sont de nature à susciter l’angoisse et l’inquiétude auprès des populations, il ne s’agit pas paradoxalement d’une si nouvelle pour le pays. Bien au contraire, à en croire certains épidémiologistes. Et ce, pour plusieurs raisons.
D’abord, comme l’a lui-même expliqué le Dr Obiang Ndong, l’augmentation du nombre de cas testés positifs au Covid-19 est aussi, pour une bonne partie, le fait de la forte augmentation des capacités de tests du pays. De quelques petites dizaines au début de l’épidémie, le nombre de ces tests s’élèvent désormais chaque jour à plusieurs centaines. Ainsi, pour la seule journée de vendredi, 454 tests ont été réalisés. Or, comme l’explique un responsable pour l’Afrique centrale de l’OMS, « c’est statistiquement imparable. Plus on teste, plus on trouve de gens positifs. Mais l’augmentation de la capacité à tester est une excellente nouvelle », explique le scientifique.
Ensuite, comme l’explique également les spécialistes en épidémiologie, cette augmentation du nombre de cas est aussi le signe que le pays s’approche du pic, c’est à dire du moment où le nombre de cas, jusque-là en augmentation, commence à refluer. L’OMS indique que celui-ci pourrait être atteint fin mai-début juin au Gabon. D’autres estiment que la mi-mai est le plus probable. Quoi qu’il en soit, deux mois après le début de l’épidémie (le premier cas a été testé le 13 mars dernier), le pays pourrait prochainement entrevoir le bout du tunnel.
Selon divers travaux, le véritable taux de létalité du Covid-19 au Gabon pourrait se situer au maximum à 0,5 %
Enfin, dernier argument qui devrait porter à l’optimisme, ce qui importe, c’est moins le nombre de cas positifs que le nombre de décès. Or, si la première variable grimpe, la seconde reste relativement stable. Ce samedi, sur les 661 cas déclarés positifs au Gabon (sur un ensemble de 4 598 prélèvements effectués, soit 13,4 % de cas positifs), seuls 8 décès étaient à déplorer. Soit un taux de létalité (c’est à dire de mortalité) d’à peine 1,2 %. Un chiffre, qui plus est, sur-évalué quand on sait que la plupart des patients infectés au Covid-19 sont asymptomatiques et ne se font donc pas tester. Selon divers travaux, le véritable taux de létalité du Covid-19 au Gabon pourrait se situer au maximum à 0,5 %, soit un chiffre bien inférieur à celui du paludisme par exemple qui ne bénéficie pas de la même attention sur le plan médiatique. En attendant, « ce rapport entre un nombre de cas positifs en augmentation et un nombre de décès contenu est aussi le signe de la capacité du système sanitaire gabonais à faire face », explique le même responsable de l’OMS pour l’Afrique centrale.
Pour autant, celui-ci, comme d’autres, appellent à ne pas relâcher la vigilance. « Face au virus, il ne faut pas baisser la garde. Le respect des gestes barrières et des mesures d’hygiène est impératif pour éviter des morts facilement évitables », rappelle-t-il. Plutôt que de se focaliser et de s’angoisser sur l’augmentation du nombre de cas positifs au Covid-19, c’est sans doute sur ce point que les Gabonais devraient être les plus attentifs.