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Covid-19/Stratégie du Copil : Une sorte d’effet Pangloss
Publié le jeudi 7 mai 2020  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Plus de 50.000 décès à travers le monde en raison du nouveau coronavirus (université Johns Hopkins)
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Au Gabon, comme ailleurs sur le continent, l’âge moyen de la population et les conditions climatiques sont pour beaucoup dans la faible propagation du virus. Notre stratégie de riposte doit, par conséquent, dû en tenir compte.

De prime abord, cette campagne vise un seul et unique objectif : lutter contre le développement et la propagation du covid-19. Principal résultat attendu, la limitation de la contagion. Le confinement, la modification du régime des funérailles, l’exigence de distanciation sociale, l’obligation de porter le masque dans les lieux publics, le lavage régulier des mains ou l’utilisation du gel hydro-alcoolique s’inscrivent dans cette optique. Mais on ne devrait pas s’en contenter. On devrait aussi songer à réduire les facteurs de risque : les maladies cardiovasculaires, le diabète, les pathologies rénales, les cancers et cirrhoses devraient faire l’objet d’une attention particulière. On devrait même inviter la population à une cure de vitamine C afin de renforcer les systèmes immunitaires. Surtout, on devrait organiser des campagnes de vaccination contre la grippe et la tuberculose, en milieux professionnel ou scolaire.

Discutable, contestable

De par le passé, notre pays a su lutter contre des épidémies en jouant de ses forces et faiblesses. Pourquoi en serait-il autrement aujourd’hui ? Pas du tout axée sur la prophylaxie, trop portée sur la thérapie, la stratégie du gouvernement suscite doutes et railleries. En absence de mesures de prévention, son efficacité reste à démontrer. Sans détails sur le protocole de soins, son efficience est sujette à caution. En développant une communication par le chiffre, basée sur le nombre de personnes infectées ou guéries, de cas symptomatiques ou asymptomatiques, le Comité de pilotage du plan de veille et de riposte contre l’épidémie à coronavirus au Gabon (Copil) a voulu accréditer une idée de départ : le seuil épidémique est atteint voire dépassé. Autrement dit, le Copil a cherché à justifier les mesures gouvernementales par un nombre précis de malades. Pour ainsi dire, il a fondé sa démarche sur un raisonnement à rebours, une sorte d’effet Pangloss. Fallait-il forcément parler d’épidémie ? Pourquoi ?

Tous les épidémiologistes le savent : en deçà d’un certain seuil, on ne peut pas parler d’épidémie. On ne peut non plus prendre certaines mesures, notamment celles se rapportant à la limitation des libertés publiques. En arrière-plan de la stratégie du Copil, il y avait, sans doute, l’envie d’accompagner le gouvernement. Il y avait certainement la volonté d’apporter des réponses aux prédictions alarmistes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). A grand renfort d’illustrations puisées dans l’actualité internationale, notamment aux États-Unis ou en Grande Bretagne, d’aucuns y voient de la responsabilité. Ils y perçoivent, au mieux, une forme d’anticipation et, au pire, un moindre mal. «Mieux vaut prévenir que guérir», assènent-ils. Discutable, à tout point. Contestable sur toute la ligne.

Réalités d’ailleurs

La prévention ne saurait être confondue à la limitation de la contagion. Pour réduire le risque de propagation du virus, il faut préalablement dresser un état des lieux et se donner les moyens d’en assurer le suivi. Sur la base d’un protocole standardisé, une veille épidémiologique peut ainsi être mise en œuvre. Or, la très attendue campagne de dépistage peine à démarrer. Sur quelles données de terrain repose alors la stratégie du Copil ? Pourquoi semble-t-elle si figée et peu modulable au gré des évolutions ? Certes, une certaine bien-pensance fait ses choux gras des chiffres actuels. Certes, elle feint de se demander si la situation n’aurait pas été pire si les écoles n’avaient été fermées ou si le confinement n’avait été décrété. N’empêche, seule la réalité de terrain garantit l’efficacité d’une stratégie.

En effet, – et tous les experts convergent sur la question – ni le confinement ni la fermeture des écoles ne sont à l’origine de la faible propagation du virus en Afrique. Au Gabon, comme ailleurs sur le continent, l’âge moyen de la population et les conditions climatiques y sont pour beaucoup. Notre stratégie de riposte aurait, par conséquent, dû en tenir compte. Suspendre l’année scolaire, confiner la population ou la contraindre au port du masque, c’est faire en fonction des réalités d’ailleurs. Pourtant, face au sida ou à Ébola, notre réalité a été au cœur de notre stratégie. Ne faut-il pas y songer ? Faut-il continuer dans cette sorte de mimétisme improductif ? Au risque de permettre au covid-19 d’altérer notre vivre-ensemble et de déstructurer durablement notre société, il est peut-être temps d’y songer.
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