Alors que les activités académiques sont suspendues depuis le 13 mars 2020 au sein de l’Université Omar Bongo (UOB) pour cause de coronavirus, la situation au sein de cet établissement supérieur public est loin d’être reluisante du fait de la dégradation continue des infrastructures et des conditions de travail et d’apprentissage. Une situation qui selon de nombreux enseignants ne serait pas inscrite comme priorité des autorités de tutelle qui par contre focaliseraient leurs efforts sur une réforme des textes réglementaires régissant l’université.
Depuis des décennies, la situation au sein de la première université du pays n’a de cesse d’être dénoncée. Entre des infrastructures qui ne répondent plus aux normes internationales, des effectifs pléthoriques au sein des différents départements, les conditions de travail difficiles des enseignants ou encore la gestion pour le moins approximative de cette institution, rien ne semble présager des améliorations.
Selon des témoignages recueillis auprès de plusieurs enseignants, l’établissement connaît depuis plusieurs années un boom démographique qui semble être « ignoré par les autorités puisque les projets de réhabilitation des amphithéâtres sont depuis des années au point mort ». En effet, plusieurs départements ont des effectifs pléthoriques. Ce qui rend difficile le suivi pédagogique des étudiants et est à l’origine de l’augmentation du taux d’échec. C’est le cas par exemple au sein du département communication qui compte plus de 1600 étudiants.
Autres préoccupations, la situation administrative des enseignants, dont nombreux exercent sans salaire depuis des années. « Les dernières sorties du gouvernement concernant la régularisation des situations administratives sont de simples opérations médiatiques. Il n’y a rien de concret concernant par exemple les reclassements », a confié un enseignant.
Par ailleurs, les enseignants ne manquent pas de dénoncer le projet de réforme envisagé par la tutelle qui selon eux a été élaboré unilatéralement. « Le plus important pour le secrétariat général du ministère c’est de faire adopter des textes réglementaires non consensuels qui priment sur la scolarité menacée des étudiants et la situation précaire des enseignants », a dénoncé une enseignante de la faculté de droit et sciences économiques.
Si du côté du ministère de l’Enseignement supérieur, on assure prendre en compte les préoccupations des enseignants et des étudiants, la situation n’a de cesse de s’enliser au fil des années. Avec la crise sanitaire liée à la propagation du Covid-19, la réflexion sur l’amélioration des infrastructures, des conditions de travail et d’apprentissage au sein de cette universités semble désormais avoir été reléguée aux calendes grecques.
Une chose est certaine la reprise des cours à l’université Omar Bongo s’annonce très mouvementée. Outre l’ardoise des vacations mise en quarantaine à l’Agence comptable, les autorités ne pourront pas échapper au débat de la transparence sur la discussion autour des textes assignés à « Commission opaque ». Oui à la réforme et même à l’autonomie de l’Université mais sous certaines conditions: la transparence rien que la transparence. Affaire à suivre…