Les médecins continuent d'apprendre, de comprendre le Covid-19, maladie causée par le nouveau coronavirus, en observant l'évolution de l'état des patients. Entretien.
La professeure Karine Lacombe est cheffe de service des maladies infectieuses et tropicales de l'Hôpital Saint-Antoine, à Paris.
Vendredi 17 avril, elle était invitée dans l'émission Priorité santé, sur RFI.
Continuez-vous d’observer de nouvelles choses, en termes de complications, telles que les lésions organiques ?
Pr Karine Lacombe : Tout à fait. Initialement, l’alerte qui avait été donnée, portait sur les pneumopathies aiguës sévères. On s’est aperçus petit à petit, à travers l’Italie qui avait été touchée une dizaine de jours avant nous, qu’il y avait d’autres complications qui s’installaient : en particulier, un état d’hypercoagulation avec des risques importants d’accidents vasculaires cérébraux et d’embolies pulmonaires.
Quand l’épidémie est arrivée en France, on a vu émerger d’autres manifestations cliniques de l’infection, en particulier la perte du goût et de l’odorat qui n’avaient pas été décrites auparavant. On s’est également aperçus que beaucoup de patients, particulièrement des patients âgés, qui arrivaient avec de la diarrhée et de la fièvre sans manifestations pulmonaires, étaient en fait porteurs du Covid-19 avec un tropisme sur le système digestif, que nous n’avions pas vu avant.
Plus récemment, on a vu que certains patients développaient, dans la phase très précoce, des manifestations dermatologiques : éruption, livedo (couleur un peu violette de la peau, pouvant être assez fugace).
Il y a donc vraiment beaucoup de signes cliniques bien différents de ce que l’on avait eu comme informations, au tout début de l’épidémie. Maintenant que l’on prend du recul, nous commençons à voir les conséquences, à plus long terme avec des patients ayant à nouveau des manifestations inflammatoires, quelques semaines seulement après avoir guéri de l’infection. C’est une infection qui nous interroge beaucoup, dans nos connaissances.... suite de l'article sur RFI