Percevant de nombreuses failles dans la gestion de la crise sanitaire brûlante, le président du Rassemblement des jeunes patriotes gabonais (RJPG), Gaël Koumba Ayouné, dit le Général des Mapanes, préconise des solutions diverses pour aider le Gabon à sortir du désastre du Covid-19. Pour lui, «le confinement n’est pas tenable pour beaucoup d’entre nous».
Le Général des Mapanes, Gaël Koumba Ayouné, passe en revue, dans une communication le 17 avril dernier, les failles de la gestion gabonaise de la crise du coronavirus. Soulignant préalablement qu’il n’est ni spécialiste de la santé, ni membre l’administration, le président du Rassemblement des jeunes patriotes gabonais (RJPG) indique qu’il est de son «devoir de s’interroger, d’alerter et de proposer des solutions visant à mieux gérer la crise, car ensemble, nous arriverons», non sans estimer en cela que «tous les efforts doivent être renforcés dans notre pays».
Ne pas avancer à l’aveuglette
Se basant sur la maxime stipulant que «gouverner c’est prévoir», il note que «le Gabon ne peut pas avancer à l’aveuglette pour décider de confiner ou déconfiner sa population, tant que l’on ne sait pas quel est le niveau de circulation silencieuse du virus».
À l’observation, note-t-il, plusieurs failles submergent des différentes mesures gestion de la crise du gouvernement. Celles-ci portent sur «la non-interpellation de toutes les personnes ayant pris le même vol que le patient zéro et les autres vols à la même période – cette annonce faite hier [jeudi 16 avril – ndlr] n’arrive-t-elle pas un peu tard, un mois après le dernier vol, quand on estime l’incubation maximale à 14 jours ?, la prise de décision tardive quant au port de masque obligatoire malgré les multiples interpellations que nous avons faites, la mise en place d’un confinement partiel pendant trois semaines, sans en tirer profit pour se préparer à la mise en œuvre des mesures administratives et préventives de la maladie, telles que : la gratuité en eau et électricité, la distribution des kits alimentaires, les démarches entre les bailleurs et l’Etat, l’acquisition des masques afin de respecter la mesure sur le port de masque obligatoire, la gestion des laissez-passer pour les personnes autorisées à circuler, qui semblent étonnamment nombreuses au regard de la fréquentation actuelle des rues».
Exaspération et violence potentielle dans le Mapane
Gaël Koumba Ayouné souligne par ailleurs que le confinement sans un véritable accompagnement «entraîne un mécontentement croissant dans le Mapane, malgré toutes les mesures de soutien annoncées par le président de la République». «Il est plus qu’urgent de trouver des solutions durables, car le Mapane et le pays tout entier ne pourront pas supporter un confinement de plusieurs semaines ou même plusieurs mois, au cas où il devrait être prolongé», met en garde le « Général » des quartiers sous-intégrés, ajoutant que «cette solution empruntée à la Chine et aux pays occidentaux est inadaptée aux réalités sociales de notre pays».
«Nous connaissons les réalités des quartiers sous intégrés et leurs modes de fonctionnement. Le besoin de sortir pour pallier le manque de nourriture lié à la perte des revenus déjà irréguliers, le besoin de s’approvisionner en eau, les logements saturés et surchauffés, les inondations nombreuses en cette saison des pluies est bien réel», a-t-il présenté.
Koumba Ayouné craint de même, face à l’absence des «forces de l’ordre qui ne sont plus très actives dans la lutte contre le banditisme», que «la faim dans le Mapane pourrait amener nos délinquants à changer leurs modes opératoires et certainement à accéder aux concessions privées».
Économie de moyens par le group testing
«Les capacités humaines et matérielles de notre pays, ainsi que la pénurie mondiale de réactifs à cause de la forte demande, doivent être prises en compte pour fixer des objectifs réalistes pour le dépistage massif», estime-t-il.
Le Général des Mapanes invite le gouvernement à préconiser, comme l’ont déjà proposé plusieurs chercheurs, d’effectuer des dépistages groupés (group testing ou pool testing en anglais). «L’idée est très simple : dix échantillons sont regroupés dans un seul tube avant de procéder à un seul test. Si le résultat du test est négatif, les dix personnes sont déclarées négatives. Si le résultat du test est positif, des tests supplémentaires sont réalisés afin d’identifier l’échantillon positif. Le gain en termes de temps et de réactifs est considérable», explique-t-il.
«Il faut agir très vite. Le confinement de longue durée ne sera pas viable pour notre pays. Mais chaque jour passé à tergiverser avant de prendre des mesures fait gagner du terrain au virus et diminue nos chances d’éviter que la situation n’empire», met-il en garde.