Les populations d’Essassa-Bissobinam au PK23 sur la Nationale1 ont manifesté, vendredi, en bloquant la route. Motif : le faible nombre de bons d’achat alimentaire à y distribuer pour les soutenir face aux difficultés consécutives au confinement du «Grand Libreville».
Le 17 avril courant, une foultitude en courroux a érigé des barricades sur la Nationale 1, au niveau du quartier Essassa-Bissobinam dans le troisième arrondissement de la commune de Ntoum. But de la manœuvre : s’opposer à la distribution de vingt (20) bons d’achat alimentaire par une équipe mandatée par le ministère en charge des Solidarités nationales. Les manifestants estimant que ce nombre est très insuffisant pour cette localité.
«Si l’on va du principe que c’est un bon d’achat par famille, il est évident que seules vingt familles en seront bénéficiaires. Or, cette partie d’Essassa compte plus de 600 habitants», s’est offusqué un manifestant, la soixantaine environ, natif de la bourgade. Et de laisser entendre que «les manifestations pourraient se durcir dans les jours à venir.»
Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, le gouvernement a décidé du confinement du «Grand Libreville», un espace géographique englobant la capitale gabonaise, mais également la Pointe-Denis ainsi que les communes de Ntoum, Akanda et Owendo. Aussi, a-t-il annoncé la mise en place d’un certain nombre de mesures sociales au bénéfice des ménages les plus impactés par la décision sus-évoquée. L’une de ces mesures consiste en la mise à disposition de ces ménages, des bons d’achat alimentaire.
Mais on s’y attendait un peu : sans un recensement préalable des bénéficiaires impliquant les chefs des quartiers, l’opération de distribution desdits bons ne serait pas un succès. Bien au contraire, elle ferait des mécontents. D’autant que, avec la participation des auxiliaires de commandement, l’enquête aurait permis d’identifier et localiser les personnes éligibles à cet mesure de solidarité, ainsi garantir le bon déroulement de l’initiative gouvernementale.
Dans la commune de Ntoum, ce travail de terrain était déjà effectif. Les différents chefs de quartiers ayant invité leurs administrés respectifs à s’inscrire sur les listes ouvertes à cet effet. Sauf qu’au dernier moment, leur travail n’a pas été pris en compte. Le gouvernement préférant enrôler des bénévoles pour la distribution desdits bons alimentaires dans des zones méconnues d’eux. «Nous avons été effectivement écartés du processus de distribution desdits bons sans savoir pourquoi», a admis un auxiliaire de commandement.
Un choix lourd de conséquences, puisque de graves manquements ont été très vite observés. Notamment l’insuffisance des bons d’achat, à l’origine du mécontentement des habitants d’Essassa-Bissobinam. Lesquels, rongés par la faim depuis, ont alors choisi la voie publique pour se faire entendre et dénoncer l’échec du gouvernement dans la distribution de ces tickets devant leur permettre de s’approvisionner auprès d’une enseigne commerciale de la place.
«Les vingt bons d’achat sont repartis avec ceux qui les ont apportés. Si barrer la route n’est peut-être pas la meilleure solution, il reste que cette action vise à dénoncer ce que nous considérons comme une injure et une raillerie du gouvernement», souligne un habitant courroucé.