Un avion de ligne a embarqué de Libreville pour Beyrouth, ce 13 avril, de nombreuses familles libanaises. Ce qui, visiblement, marque une méfiance pour le Copil Coronavirus Gabon et le système sanitaire du pays.
Les frontières aériennes du Gabon sont littéralement fermées. Pourtant, un avion médicalisé, donc comprenant des médecins et un équipement idoine, a été envoyé à Libreville, le lundi 13 avril, par les autorités du Liban d’où il provenait, selon des sources aéroportuaires. But de l’opération : rapatrier, dans le contexte de la pandémie du Covid-19, les ressortissants libanais du Gabon qui le voulaient bien.
De nombreuses photos en circulation sur les réseaux sociaux, ce lundi, montrent en effet des Libanais à l’aéroport international Léon-Mba avec des bagages. Y étant arrivé à bord de bus de la Société gabonaise de transport (Sogatra), ils ont embarqué, en fin de matinée, dans un avion long-courrier arborant, sur l’empennage, le cèdre vert du Liban et le sigle d’Air Liban, MEA (Middle East Airlines) sur le fuselage.
Selon des sources concordantes de la communauté libanaise du Gabon, l’avion a surtout emporté des femmes et des enfants, même si un certain nombre d’hommes comptait parmi les passagers. Faisant des affaires au Gabon, notamment dans la distribution, la vente d’automobiles d’occasion ou le bâtiment, de nombreux hommes ont préféré rester. Un communiqué de l’ambassade du Liban au Gabon indique que 130 personnes ont pris place dans l’aéronef, en grande majorité des Gabonais d’origine libanaise dont des «personnes de passage à l’étranger, ainsi que les personnes vulnérables, à savoir les femmes enceintes, les mineurs, les malades graves et les personnes âgées».
Pourtant, sanitairement, le Liban n’est pas logé à meilleure enseigne que le Gabon. Le pays du cèdre, déjà frappé par une profonde crise économique, avec 45% de la population vivant sous le seuil de la pauvreté, a enregistré près de 600 cas d’infection et au moins 20 décès tandis que des émeutes contre la faim y ont été notées fin mars.
Doutes et manque de confiance au Copil Coronavirus Gabon
Il reste que depuis quelques jours, le nombre de cas contaminés est en forte augmentation au Gabon. Le pays est passé de 34 cas, le 8 avril, à 44 cas le lendemain pour atteindre 57 cas trois jours plus tard, le 12 avril, et 75 cas le lendemain. Ce qui laisse penser que la propagation du Covid-19 pourrait atteindre des proportions autrement plus importantes dans les jours ou les semaines à venir.
Avec un seul cas de guérison depuis le premier cas noté, le 12 mars dernier, nombreux sont ceux qui se demandent si le protocole adopté par le Gabon est efficace. «Si Boris Johnson, le Premier ministre britannique a fait une semaine à l’hôpital, cela veut dire que le covid-19 peut se soigner aussi rapidement. Pourquoi le protocole pour le soigner n’est pas donné aux autres malades de la pandémie, notamment au Gabon ?», s’interroge un journaliste gabonais rappelant que depuis le 12 mars, le Gabon ne compte qu’un seul cas guéri. Et un autre journaliste de noter qu’au Sénégal, pays ayant enregistré, le 2 mars, le deuxième cas de Covid-19 confirmé en Afrique subsaharienne après le Nigeria, «le nombre de patients guéris (137) est supérieur au nombre de cas actifs (125). Comment font-ils que le Gabon ne puisse pas faire ?»
Le communiqué de l’ambassade du Liban, remerciant les autorités gabonaises d’avoir facilité le vol commercial de la MEA, souligne «les mesures vigoureuses et rassurantes édictées par le gouvernement gabonais dans le cadre de la lutte contre le fléau du Covid-19». Ce n’est cependant pas l’avis de tout le monde. Nombreux en effet avancent plutôt une autre raison. «Ce départ des Libanais du Gabon ne montre qu’une seule chose : ils doutent du système sanitaire du Gabon et de son Copil. Et il n’y a pas qu’eux !», estime un internaute dans un groupe de discussion Facebook.