L’annonce du confinement du Grand Libreville, le 10 avril, du fait de la propagation du coronavirus (Covid-19), a sonné comme une alarme chez les Librevillois : ils se sont rués vers les boutiques, épiceries et grandes surfaces pour se ravitailler, dans un vent de panique, en produits de première nécessité. Frénésie et rush inédits.
Si la date du confinement du Grand Libreville était attendue depuis plusieurs jours, force est de constater que beaucoup de Librevillois ne sont pas véritablement prêts à affronter cette bunkerisation qui s’étendra, à partir du 12 avril, sur une période de 15 jours renouvelable. À l’annonce effective de cette mesure, le vendredi 10 avril par le Premier ministre, les magasins de la capitale ont été pris d’assaut par les consommateurs, en vue de faire des provisions. Le lendemain, samedi, même scénario : les supermarchés et autres alimentations n’ont désempli qu’à la fermeture en milieu d’après-midi.
Premier confinement de l’histoire contemporaine
Les Librevillois s’apprêtent ainsi à affronter leur premier confinement de l’histoire et le plus grand nombre d’entre eux l’appréhendent. Craignant d’être à court de provisions alimentaires, les uns et les autres ont donc envahi les épiceries et autres les grandes surfaces, ainsi qu’en témoignaient les parkings archipleins de Mbolo, de Prix Import ou du San Gel d’Okala, mais aussi la ruée piétonne vers les enseignes moyennes de distribution dans les quartiers.
Dans les rayons, ce sont des sacs de riz, des cartons de viande bovine ou de volaille, des cartons de pâtes, le sucre, le lait, les boites de conserve de toutes les qualités et même des paquets de biscuits ou du papier hygiénique, ainsi que des bouteilles d’huile qui ont été raflés et achetés. Dans certaines superettes, des gens payaient à l’aide des bons alimentaires distribués par la Fondation Sylvia Bongo Ondimba, tandis qu’ailleurs, d’autres payaient cash, en numéraires ou avec des cartes de crédit.
«J’ai eu de la chance. On a eu notre bon alimentaire chez le chef du quartier. Avant de rentrer à la maison, on a annoncé le confinement. Nous avons préféré faire directement nos courses que d’attendre. On ne sait jamais», a expliqué une jeune dame devant une grande enseigne de Libreville.
Bons alimentaires, ostentation puérile
Beaucoup d’autres familles ont eu le même réflexe que la jeune dame. «Le matin, quand on est allé chercher nos bons alimentaires, on nous a dit qu’on allait confiner Libreville. Nous ne pouvions pas attendre parce qu’on ne sait pas comment tout ça va se passer et comment ça va se terminer. Voilà pourquoi on est allé chercher nos sacs de riz et nos cartons de poulets», a laissé entendre une habitante de la Cité de la Démocratie.
Dans la plupart des quartiers, les boutiques ont été prises d’assaut. Chacun voulant avoir, qui un sac de riz, qui quelques pâtes ou des boites de conserve, etc. pour faire face au confinement total décrété. Devant de nombreux supermarchés et des boulangeries, les longues files d’attente témoignaient également de l’atmosphère frisquette dans la capitale gabonaise.
La situation a inéluctablement, parfois, donné lieu à des excès, des abus et même à l’ostentation puérile. En effet, dans certains grandes surfaces ou enseignes très prisées de Libreville, par exemple, on a vu des jeunes gens, nantis des bons alimentaires, se jeter littéralement sur les vins, whiskies et autres alcools pour remplir leur charriot. «Dommage que ceux qui ont réellement besoin de ces bons alimentaires ne les auront certainement pas à cause des gens comme ça», a fustigé une cliente d’un supermarché. De même, certains ayant des charriots débordants avaient, dans les files avant le passage à la caisse, quelques regards dédaigneux envers ceux qui prolongeaient l’attente avec leur menu fretin.
En tout cas, en attendant le 12 avril, début de ce confinement du Grand Libreville (Ntoum, Pointe Denis, Akanda et Owendo), chacun se prépare en espérant que cela ne tourne pas au cauchemar. «On a pris ces quelques kilos de nourriture. Ce n’est vraiment pas beaucoup, surtout que les enfants ne vont plus à l’école. On espère seulement que le gouvernement saura nous soutenir le moment venu, sinon on court vers le chaos», a prévenu un parent venu avec ses enfants récupérer des denrées en échange d’un bon alimentaire.