« L’économie gabonaise est en capacité de supporter des chocs économiques ». En relevant cette « capacité » du Gabon à faire face à une crise sans précédent, le ministre de l’Économie et des Finances Jean Marie Ogandaga a suggéré que l’économie gabonaise pouvait sereinement affronter une situation exceptionnelle. Or, comme l’a suggéré Jean Valentin Leyama ancien Directeur de cabinet adjoint du président de la République, « le contexte ne s’y prête pas ».
Balayant l’actualité économique du moment fortement marquée la crise liée au Covid-19, l’ancien DCPR adjoint par ailleurs ancien président du conseil d’administration de l’Ecole des mines et de la métallurgie de Moanda (E3MG), en a profité pour évoquer ces propos du ministre de l’Economie et des Finances. Ainsi, sur sa page facebook, l’économiste a notamment invité ce dernier à faire « attention à la langue de bois, car la situation économique ne s’y prête pas ».
En effet, rappelant au ministre que « l’économie gabonaise repose principalement sur l’exportation du pétrole dont les cours ont chuté de plus de 20% et, accessoirement sur la vente de manganèse dont la contribution au PIB ne dépasse guère 5% et dont les prix sont également en chute libre », Jean Valentin Leyama a émis des réserves quant à la réelle « capacité du Gabon à faire face à cette crise ».
Et pour cause, entre baisse des investissements et chute de la production chez de nombreux opérateurs du secteur pétrolier gabonais, la crise actuelle devrait entraîner une nouvelle flambée du taux de chômage et par conséquent multiplier les pressions immédiates sur le budget de l’État et sur sa stabilité macroéconomique, comme l’a suggéré la Chambre africaine de l’Energie.
Dans un contexte où la diversification opérée par Olam dans le palmier à huile, l’hévéa ou la transformation du bois « est très loin de compenser le manque à gagner, faute de débouchés porteurs et fait aggravant » comme il l’a indiqué, difficile d’imaginer le pays faire face à cette crise sereinement. Avec un risque croissant d’aggravation du déficit budgétaire et de surendettement, « comment l’économie gabonaise serait-elle en capacité de supporter les chocs économiques ? », s’est finalement interrogé Jean Valentin Leyama.