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Covid-19 : Quid de la chloroquine au Gabon ?
Publié le mercredi 1 avril 2020  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Pr Didier Raoult, infectiologue et professeur de microbiologie français
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Présenté par Didier Raoult, infectiologue et professeur de microbiologie français, comme un remède efficace contre le Covid-19, l’hydroxy-chloroquine (Nivaquine) alimente fantasmes et débats, y compris au Gabon, qui n’est pas encore une zone épidémique. Les autorités y sont dubitatives tandis que la bande fait état d’un stockage spéculatif de ce médicament, en vue de créer la pénurie et donc la surenchère. Ce qu’en disent des pharmaciens locaux, avec un flashback sur l’historique de la Nivaquine en zone tropicale.

«L’Agence du médicament du Gabon interdit de commander l’hydroxy-chloroquine». «La chloroquine est stockée à Libreville par des pharmaciens spéculateurs en vue de générer la pénurie et donc la hausse de son prix»… Autant de choses que l’on entend çà et là à Libreville. Il y a qu’au plus fort de la propagation du coronavirus (Covid-19) dans le monde, Didier Raoult, infectiologue et professeur de microbiologie français, a réussi à convaincre la France et bien d’autres pays du bienfondé de l’usage de la chloroquine.

Retirée de la vente et pas réadoptée au Gabon depuis les années 2000

Au Gabon, le 29 mars dernier, le Dr Guy-Patrick Obiang, parlait encore d’essayer le Lopinavir/ritonavir associé à l’Azithromycine sur un patient difficile ayant des comorbidités. Si le pays entend la tester, la chloroquine n’y est donc pas encore adoptée, puisque le 25 mars dernier, la Coordination technique du Comité de pilotage du plan de veille et de riposte contre l’épidémie à Coronavirus au Gabon indiquait, à travers un communiqué, être en attente du Comité scientifique devant lui faire part des «conclusions (…) sur la prescription de la Chloroquine aux patients contaminés par le Covid-19». Dans ce contexte, nombreux ont construit une idée fixe et parlent d’un refus gabonais d’utiliser la chloroquine, expliquant ainsi l’absence de ce produit dans les pharmacies : «la molécule n’est pas distribuée massivement, parce que cela gênerait les intérêts de certains gouvernements et du lobby pharmaceutique», entend-on dans certains cercles.

Il n’en est rien dans les faits. «Des années 80 jusqu’aux années 2000, les gens soignaient le paludisme avec de la nivaquine. Mais, elle a fini par créer des résistances. C’est-à-dire qu’elle n’était plus efficace pour le traitement du palu», explique un pharmacien ayant requis l’anonymat. Selon lui, au terme d’un long usage, ce médicament masquait les symptômes de la maladie. «On s’est donc aperçu qu’on avait de plus en plus de décédés alors que les gens prenaient de la Nivaquine. C’est ce qu’on nomme chloroquinorésistance ; comme pour les antibiotiques qui, au bout d’un certain moment, ne sont plus efficaces parce que les bactéries ont trouvé la parade pour résister au traitement», poursuit le pharmacien.

Un autre apothicaire professionnel rappelle que tout médicament a des effets secondaires plus ou moins graves. «Et l’un des problème de la Nivaquine, ce sont les problèmes cardiaques». «A l’époque, il y avait beaucoup de suicides à la Nivaquine. Les gens avalaient une boite entière de Nivaquine d’une vingtaine de comprimés et c’était réussi, à coup sûr», rappelle-t-il, soulignant que ce médicament a été retiré de la vente et des pharmacies, il y a une vingtaine d’années.

Gabon : à 16 cas, on n’est pas en zone épidémique

«La controverse actuelle, sur le traitement du Covid-19 avec la chloroquine (Nivaquine, c’est le nom commercial) c’est qu’apparemment elle est efficace en association avec un antibiotique qui s’appelle l’azithromycine. Par contre, dans cette efficacité, on retrouve les effets gênants de la Nivaquine, c’est-à-dire les problèmes cardiaques», explique le pharmacien cité plus haut. Celui-ci suggère, au préalable, d’exiger, aux patients à mettre sous ce traitement, un électrocardiogramme permettant de savoir si leur cœur pourra le supporter.

Lui, aussi, assure que les pharmacies n’ont nullement caché des stocks de chloroquine pour en faire monter le prix de vente, ainsi qu’on peut le lire sur les réseaux sociaux. «L’analyse sur le Gabon est qu’on est à 16 cas. On n’est pas clairement en zone épidémique et la chose à faire est de mettre en pratique tous les gestes barrières, c’est-à-dire la distance d’un mètre ; le lavage des mains ; les attroupements à éviter… Que les gens qui ont des doutes portent un masque, mais pas les gens qui sont sains. Cela ne sert à rien que quelqu’un qui est en bon état de santé porte un masque. Lui, il va contribuer à créer une pénurie de masques», explique notre pharmacien.

Et de souligner : «le port des gants est recommandé. Mais, c’est aussi controversé, parce que si tu touches un endroit où il y a le virus, il reste sur le gant. Et si tu touches le visage, tu te contamines le visage. Or, on sait très bien que la porte d’entrée du virus c’est le nez et la bouche». Le geste le plus important c’est d’être distant les uns des autres, devrait-on conclure.
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