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Gabon : Comment vivre avec le confinement ?
Publié le mercredi 25 mars 2020  |  Gabon Review
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© Autre presse
Vue aérienne de la ville de Libreville
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Depuis plus de trois mois, le monde entier est bouleversé par la pandémie du Coronavirus (Covid-19). Le Gabon a récemment été touché par ce mal qui a déjà eu raison d’un de ses citoyens. Face à la propagation de la maladie, aux restrictions, au confinement partiel, chacun s’organise.

Le 12 mars 2020, le Gabon a enregistré son premier cas de Covid-19. Ce qui était connu à travers les médias se déroule désormais sur le territoire. D’un cas, l’on est désormais passé à 6, le 24 mars, avec à l’appui, un décès. Entre temps, le gouvernement a annoncé, crescendo, des mesures visant à faire face à cette pandémie et à protéger la population. De jour en jour, elles sont devenues drastiques jusqu’au confinement partiel. Un confinement annoncé par le président de la République, Ali Bongo Ondimba, lui-même. Signe que les choses vont de mal en pis.

Dans cette ère de catastrophe sanitaire, il faut bien vivre tout en respectant les mesures prises pour éviter la propagation du virus. Chacun s’organise. Le quotidien impose désormais des défis. Parvenir à trouver de quoi vivre, vaquer à ses occupations, en respectant scrupuleusement ces mesures, devient un miracle. D’où ces témoignages des Librevillois désormais appelés à adopter de nouveaux comportements et modes de vie.

«Je suis enseignant de Mathématiques dans deux collèges privés. J’avais cours tous les jours sauf le dimanche. J’avoue que je n’avais presque pas de temps pour moi. Avec cette maladie, je suis carrément à la maison depuis deux semaines. Je tourne en rond», a expliqué ce jeune enseignant. «Les élèves, au début, se réjouissaient de la suspension des cours. Mais les restrictions sont vite venues leur montrer que ce n’est pas de l’amusement. Certains m’appellent même pour me demander comme gérer les longues journées. Je leur envoie des exercices par WhatsApp», a-t-il ajouté. Il passe le clair de son temps devant la télévision et à lire quelques bouquins, en attendant les exercices de ses élèves.

La hantise d’un confinement total

Marie, une commerçante du marché Mont-Bouët a de la peine à suivre les consignes. «Je veux bien suivre les décisions, mais à la fin du mois, je ferais comment. J’ai des tontines que je fais et la maison que je dois payer. Pour tout ça, il me faut de l’argent. Je fais comment ?», a-t-elle interrogé. «Le seul moyen est de venir travailler», a-t-elle dit en montrant les masques et les gants qu’elle a acheté, mais qu’elle ne porte que rarement. «Je ne suis pas habitué à porter ça. En plus ça chauffe trop», a-t-elle dit presque pour s’excuser.

Un tenancier d’un snack bar au PK 8 s’indigne, lui aussi, du fait que le gouvernement a annoncé les mesures sans accompagnement. «J’ai un snack. Ça ne tourne que la nuit. On a tout fermé. Mes enfants et moi allons vivre comment? Il faut que le gouvernement accorde des mesures d’accompagnement. Si non, on court vers la catastrophe», a-t-il dit. Face à ce congé technique, il s’est recyclé en commerçant et vend des oignons et des tomates à Venez-voir.

Ceux qui ne sont pas en congé forcé partagent les mêmes tourments. C’est le cas de ce Journaliste se plaint de rentrer chez lui souvent à pieds, dès le confinement partiel. «A partir de 19 heures, il n’y a plus de taxi. On est obligé de rentrer à pieds. Il faut savoir que nos heures de travail ne sont pas comme celles des fonctionnaires», a-t-il regretté. Il est obligé d’emprunter des raccourcis, au risque de se faire braquer, pour rentrer chez lui.

Dans de nombreuses familles, les parents fonctionnaires se retrouvent au même endroit avec les enfants. «Nous sommes tous deux fonctionnaires et nous ne faisons pas partie des personnels essentiels dans nos administrations», a déclaré un agent des Affaires étrangères. «Je suis avec mes enfants et ma femme à la maison. C’est du bruit et des engueulades à n’en pas finir. Il n’y a pas de prétexte pour sortir parce que tout le monde me rappelle qu’il y a le coronavirus», a-t-il ajouté, expliquant qu’il se détend en regardant les émissions de télé, mais surtout les films d’action.

Des commerces non essentiels sont fermés et les « Librevillois s’habituent à aller dormir tôt», selon l’expression d’un étudiant. De plus en plus, les uns comme les autres passent un peu plus de temps en famille. C’est l’occasion de mieux se connaître. Mais derrière, se dessine la hantise du lendemain dans la perspective d’un confinement total. Dans ce cas précis, les Librevillois se demandent comment vont-ils se ravitailler, ne serait-ce qu’en denrées de première nécessité, surtout pour ceux qui font le marché au jour le jour. Un plan d’urgence du gouvernement pour nourrir la population est plus que souhaité.
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