Le dimanche 22 mars, au lendemain du nouveau discours du président Ali Bongo, consacré aux mesures prises pour lutter contre la propagation du Coronavirus (Covid-19) et 48 heures après celles annoncées par le ministre de l’Intérieur, le marché Mont-Bouët, le plus grand du Gabon, peine à respecter les consignes. Petit détour dans les couloirs d’un marché sur lequel plane la peur du Covid-19.
La hantise du lendemain face à la menace que fait planer la propagation du Covid-19 peut-elle dissuader les citoyens à mettre en pratique les mesures barrières contre la propagation du Covid-19 ? Pour l’instant, le respect des consignes prescrites par les autorités semble aléatoire, notamment au marché Mont-Bouët. Ce marché, le plus grand du pays, expose des milliers de personnes à une contamination de masse, malgré les efforts des agents de la mairie de Libreville qui se démènent pour faire respecter la loi.
Depuis le carrefour Petit-Paris jusqu’au Container, en passant par la Peyrie, la Tour et le marché de vivres frais de Venez-voir, le nom coronavirus est sur toutes les lèvres. Les uns comme les autres semblent mesurer la gravité de la situation à travers les médias. Mais dans les faits, ils n’observent aucun des gestes préconisés pour éviter la propagation du mal et encore moins pour se prémunir.
A Venez-voir par exemple, les étals sont grands ouverts et achalandés. Les clients se faufilent et se bousculent comme si de rien n’était. Chacun cherche à acheter ce dont il a besoin. Les échanges se font sans aucune précaution, aucun respect de toutes les règles édictées par le gouvernement pour se prémunir d’une éventuelle contamination au Covid-19. «Je sais qu’il y a cette maladie qui tue les gens dans le monde. Mais, on va faire comment ? Il faut bien qu’on vive. Je suis venue acheter des légumes et de fruits. J’essaie d’éviter les gens, mais vous-même vous voyez. C’est Dieu seul qui nous protège», a lancé une mère de famille.
Ni masque ni gants et les gens se frôlent
Comme elle, beaucoup de personnes ont du mal à cerner la dangerosité du mal qui rode. En plus, les commerçants sont plus préoccupés par leur quotidien, par leur gain. «On nous dit de ne pas vendre. Nous qui vivons de ces petits commerces, au jour le jour, qu’allons-nous devenir ? Le gouvernement demande à certains de fermer et à d’autres d’ouvrir, ça ne peut pas marcher comme ça. Et en plus, il n’y a aucune mesure pour soutenir ces gens qu’on envoie en chômage», se plaint un commerçant, vendeur de vêtements à la sauvette.
En sillonnant le marché, du feu tricolore de la Peyrie au Container, l’on remarque que quelques boutiques de vêtements et quelques quincailleries, entre autres, ont effectivement fermées. «Elles ont fermé parce qu’elles sont plus grandes et plus visibles que les petites comme nous», a déclaré ce même vendeur de vêtements. Pour lui, ce n’est que de la poudre aux yeux. «Elles seront ouvertes une fois qu’il n’y aura personne pour faire respecter la loi», a-t-il ajouté.
Les échanges continuent à se faire sans la moindre précaution, même si l’on note une légère baisse de la fréquentation du marché. Quelques commerçants ayant pris conscience du mal ont pu acheter des masques et gants. Mais là encore, le soleil les décourage à les utiliser. Il fait si chaud que les porter le plus longtemps possible relève d’une gageure. «J’ai acheté un masque et des gants pour me protéger et protéger les clients. On ne sait pas qui a la maladie. Mais le soleil fait que ça chauffe trop. Mes mains cuisent dans les gants. Voilà pourquoi je les ai retiré», a expliqué une vendeuse de légumes.
A Mont-Bouët, les commerçants et les clients semblent insouciants. Les échanges commerciaux se font encore sans précautions. Peu de boutiques disposant de gel hydro alcoolique pour désinfecter les mains. Les personnes fréquentant ces lieux feignant d’ignorer le danger, alors que le Gabon a enregistré son premier décès dû au Covid-19 et une soixantaine de personnes est en confinement. Mieux, un confinement partiel, entre 19 heures et 6 heures, a été annoncé, le 21 mars, par la président Ali Bongo. Un signe que le mal est profond et qu’il faut davantage se protéger pour et protéger les autres.