Vendredi soir, les autorités gabonaises ont annoncé des mesures préventives drastiques pour freiner au maximum la diffusion sur leur territoire du Covid-19 alors qu’un premier cas y a été testé positif la veille. Inédites en Afrique, celles-ci pourraient servir de modèle pour le reste du continent alors que l’épidémie continue de s’y propager.
Aux grands maux, les grands remèdes.
Vendredi soir, le porte-parole du gouvernement gabonais, Edgard Anicet Mboumbou Miyakou, a égrainé les mesures additionnelles drastiques, d’aucuns diraient spectaculaires, prises à titre préventif – le Gabon ne compte qu’un seul cas positif à cette heure – pour retarder au maximum la propagation de l’épidémie.
Parmi celles-ci, la suspension des visas touristiques en provenance des zones les plus infectées, à savoir l’Union Européenne, la Chine, la Corée du Sud et les Etats-Unis ; la fermetures des crèches, des établissements scolaires, des universités et des centres de formation professionnelle sur l’ensemble du territoire jusqu’au 30 mars inclus ; la fermeture des bars et boîtes de nuit jusqu’à nouvel ordre ; l’interdiction de rassemblement de plus de 50 personnes sur tout le territoire national ; la suspension des événements sportifs et culturels nationaux ; ainsi que la tenue à huis-clos de tous les événements sportifs internationaux. Il est par ailleurs recommandé aux Gabonais de n’utiliser les transports publics que pour les déplacements indispensables.
« Chaque jour, la riposte sera réévaluée et ces mesures susceptibles d’être renforcées suivant l’évolution de la situation », a précisé le porte-parole du gouvernement qui, en outre, a rappelé les mesures d’hygiène et de distanciation sociale utiles au freinage du virus, ainsi que sur le numéro vert gratuit (le 1410) mis en place pour signaler d’éventuels cas suspects.
« Frapper vite et fort car mieux vaut prévenir que guérir »
Si quelques voix, très marginales, se sont élevées pour qualifier de « disproportionnées » de telles mesures, celles-ci ont été très largement saluées à la fois par les Gabonais et par la communauté médicale internationale.
En somme le Gabon a choisi de frapper vite et fort. « C’est la bonne option », affirme un responsable de l’OMS en Afrique centrale. « En la matière, mieux vaut prévenir que guérir. Plus on agit tôt, mieux c’est, car cela permet de ralentir la propagation du virus et donc de limiter le nombre de patients infectés en même temps. On évite ainsi de saturer le système hospitalier. C’est la leçon à tirer des pays asiatiques qui ont le mieux gérer la crise comme Singapour ou Taïwan », explique ce spécialiste.
D’une manière générale, la vigueur de la réaction des autorités et leur absence de tergiversation ont été largement saluées par la communauté médicale internationale.
« Il ne fallait pas tergiverser», confie un membre du cabinet du ministre de la Santé. La clé dans cette épidémie est d’en retarder au maximum la diffusion. « On constate de l’expérience asiatique que le virus se propage durant plusieurs semaines. Dans ce laps de temps, l’objectif est qu’un minimum de sujets soient touchés afin qu’ils puissent être au mieux pris en charge par le système sanitaire», fait-il savoir.
Pour parer à toute éventualité, en sus des mesures préventives de freinage (fermeture d’établissements, interdiction des événements de plus de cent personnes…), le Gabon a réquisitionné l’hôtel Re-Ndama pour augmenter ses capacités d’accueil en confinement. Le signe que les autorités se préparent à tous les scenarii afin de ne pas être prises au dépourvu.
Alors que l’épidémie et devenue pandémie et qu’elle se propage partout dans le monde y compris en Afrique, l’exemple gabonais pourrait, selon les épidémiologistes, faire office d’exemple sur le continent afin d’y limiter l’impact sur le plan sanitaire du Covid-19.