La décision du gouvernement de fermer provisoirement les frontières du Gabon avec le Cameroun impacte déjà le quotidien des populations dans cette région, au nord du pays. Un calme plat règne depuis lors dans la zone des trois frontières, où l’on enregistre d’habitude un brassage de populations et d’intenses échanges économiques.
Le 6 mars dernier, le Cameroun enregistrait son premier cas de Coronavirus. Connaissant la fréquence des flux migratoires entre les deux pays, notamment dans la zone dite des trois frontières (Gabon-Cameroun-Guinée Équatoriale), le gouvernement gabonais a décidé de la fermeture provisoire des frontières nord. Une situation que vivent difficilement les populations des deux rives du fleuve Kyé.
Le pont sur le fleuve Kyé, point de jonction entre la ville camerounaise de Kyé-Ossi et la localité gabonaise de Meyo Kyé, avant la ville de Bitam, vit donc désormais un calme littéralement olympien, tellement est-il plat : pas l’ombre d’un véhicule sur ce pont régulièrement traversé par les véhicules venant du Cameroun pour le Gabon et vice-versa. Seuls quelques riverains s’hasardent encore à franchir, à pied, la frontière provisoirement fermée le 6 mars dernier.
Dans un reportage de la télévision nationale camerounaise, CRTV, on voit le préfet de la Vallée du Ntem, Haman Bouba, constater les affres de la fermeture de ce point de jonction. «C’est le silence de cimetière au niveau de nos frontières parce qu’il n’y a pas d’activités de personnes. Je pense personnellement que lorsqu’on aura planté le dispositif sanitaire approprié, on pourra, de part et d’autre, lever la restriction», a-t-il constaté.
La propagation du Covid-19 porte un sérieux coup à la libre circulation des biens et des personnes dans cette zone. Transporteurs et autres usagers en paient déjà le prix fort. «Je suis venu au village parce qu’il y avait une urgence. Arrivé là, on me demande de ne pas retourner par ce qu’il y a le Coronavirus au Cameroun», explique un résident de Libreville, bloqué à Kyé Ossi.
Très peu de transporteurs de vivres frais se risquent encore à acheminer les produits vers le Gabon. «En plus des tarifs douaniers qui n’arrangent pas les choses, le Coronavirus fait peur à tout le monde. Je préfère d’abord laisser passer quelques jours afin de voir la tournure que prennent les choses», indique Bertin, un transporteur camerounais. «Plus ou presque personne ne passe les frontières. Tout est mis en œuvre du côté gabonais pour veiller et empêcher toute propagation du virus», souligne un résident de Bitam. Pour lui, cette affaire commence à peser sur la population qui encaisse déjà le choc à cause de la hausse des prix des denrées alimentaires.
En attendant le déploiement efficient des services de santé de part et d’autre de la frontière Gabon-Cameroun, on craint déjà, dans cette zone où les frontières restent grandement poreuses, que certains n’en arrivent à emprunter des pistes informelles. D’où l’appel à la vigilance.