Le congrès de la confédération syndicale Dynamique unitaire (DU) s’ouvre ce vendredi 28 février à la Chambre de commerce de Libreville.
« Après la tenue de ce conseil confédéral qui n’a enregistré qu’une seule candidature, celle du président sortant que je suis va demander aux congressistes si oui ou non ils renouvellent la confiance à l’ancien président », a tenu à déclarer lui-même Jean Rémy Yama, le secrétaire général de Dynamique Unitaire (DU).
Pourtant, M. Yama est loin de faire l’unanimité dans les rangs de son organisation, l’une des quatre principales centrales syndicales au Gabon. « C’est le candidat des apparatchiks », peste Marcellin, enseignant à Port-Gentil et « militant de base » comme il se qualifie, qui aurait préféré lui une candidature « plus démocratique », c’est à dire « suscitée par la base ».
Régulièrement, Jean Rémy Yama est accusé de verrouiller le fonctionnement de la confédération. « Le dialogue n’existe pas. Le fonctionnement est très vertical, très soviétique. Tout ce qui vient d’en haut doit s’appliquer en bas », peste Antoinette, fonctionnaire du Trésor à Libreville.
D’autres encore évoquent la récente polémique qu’a essuyé M. Yama sur sa rémunération, jugée excessive pour un dirigeant syndical. « La place est bonne, raison pour laquelle on ne passe pas la main », se plaint un responsable qui ne tient même pas à ce que son prénom soit cité par crainte de crainte de « mesures de rétorsion », explique-t-il.
Mais il n’y a pas que le management, jugé « autocratique et autoritaire » ou le caractère intéressé du personnage, que les contempteurs de M. Yama pointent du doigt. Il y a également son bilan. Ces deux dernières années, Dynamique Unitaire, qui connait une érosion régulière du nombre de ses adhérents, a eu du mal à mobiliser et s’est montrée incapable de peser sur les grandes réformes décidées par le gouvernement, qu’il s’agisse de la fonction publique en 2018 ou plus récemment du code du travail.
La faute, selon ce membre du Bureau? à une stratégie d’opposition systématique. « Parfois, il faut aller à la confrontation mais pas tout le temps, sinon c’est stérile. Il faut aussi savoir dialoguer », assure-t-il.
Candidat des apparatchiks
Mais pas sûr cependant que Dynamique Unitaire y soit disposé. Jean Rémy Yama, un intime de l’opposant Jean Ping, est régulièrement accusé de confondre militantisme syndicale et activisme politique, au grand dam de la grande majorité des adhérents de la confédération.
Ainsi, en janvier dernier, Jean Rémy Yama avait déposé plainte, es qualité, sous son titre de président de DU, contre le coordinateur général des affaires présidentielles, Noureddin Bongo Valentin, pour corruption présumée. La plainte avait été classée sans suite par le procureur en l’absence de preuves. Beaucoup cependant avait alors pointé du doigt « une initiative sans aucun rapport aucun avec son mandat syndical.
Jean Remy Yama est également brocarder pour sa propension à prendre ses distances avec la réalité. En juillet dernier, il avait annoncé sans rire la mort du président Ali Bongo Ondimba. « Ali Bongo est mort », avait-il déclaré, sur un ton triomphaliste, avant de se déjuger quelques jours plus tard en tentant maladroitement d’expliquer que ses propos avaient été mal compris.
Peu après, cet habitué des déclarations à l’emporte-pièce avait affirmé être menacé de mort et s’être réfugié à Paris. Il était réapparu à Libreville en décembre dernier comme si de rien n’était, déambulant tranquillement dans les rues de la capitale…