Le conseil de Brice Laccruche Alihanga, Ange Kevin a révélé, le 25 février à Libreville, que plusieurs personnes arrêtées dans le cadre de l’opération Scorpion ont été soumises à un interrogatoire musclé dirigé par les Services spéciaux, dans la nuit du 14 février à la prison centrale de Libreville. L’audition viserait, selon l’avocat, à falsifier des preuves afin d’accabler son client sur un motif autre que celui du détournement des fonds publics dont le dossier semble vide.
Placées sous mandat de dépôt il y a quelques mois, plusieurs personnalités interpellées dans le cadre de l’Opération Scorpion, ont été soumises à un interrogatoire, dans la nuit du 14 février, par les éléments de la Direction générale des Contre-Ingérences et de la Sécurité militaire (autrement appelée B2) et les services spéciaux. Parmi les victimes de cet interrogatoire «musclé» figure Brice Laccruche Alihanga, l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo.
Les révélations ont été faites par Ange Kevin Nzigou, l’avocat de Brice Laccruche Alihanga, le 25 février à Libreville. S’il a préféré taire l’identité des autres personnes interrogées, ainsi que le contenu des questions auxquelles elles ont été soumises, l’avocat révèle que «toutes auditions sont menées dans le but de trafiquer des documents, faire de fausses déclarations, établir de faux procès-verbaux antidatés afin d’incriminer Brice Laccruche Alihanga sur un motif autre que celui des détournements des biens publics vu que sur ce point le dossier est vide».
Dénonçant une grave violation des droits humains, l’avocat a soutenu que «tout interrogatoire mené en prison sur un détenu sur une question par une autorité autre que le juge d’instruction est mené par une Commission rogatoire. Cette commission donne la mission de la personne commise et l’entendue de ses pouvoirs». Plus grave, a relevé l’homme de loi, «toutes les pièces des contenues dans les dossiers des détenus sont établies en deux exemplaires, paraphés, classés, inventoriés par le greffier».
Or, dans le cas d’espèce, les détenus sont extraits de leurs cellules aux heures impossibles, acculés des questions, intimidés. «En clair, on leur demande de faire des fausses déclarations contre Laccruche en contrepartie de leur libération. Le but est d’ajouter d’autres pièces accablantes contre mon client qu’on aura préfabriquées pour faire justifier ce qu’on souhaite faire peser sur la tête sa tête. Vu que sur le motif des détournements des fonds publics, ils se sont rendu compte que Laccruche n’est en rien impliqué parce que n’ayant eu aucune gestion des fonds publics», a insisté Anges Kevin Nzigou.
Vu la gravité des faits, l’avocat a interpellé le ministre de la Justice et le procureur de la République sur la perméabilité dont souffre désormais la prison centrale de Libreville et le danger que courent toutes les «victimes» de l’opération Scorpion.