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Propos de Martin Mabala : La vacance du pouvoir de nouveau au centre des débats
Publié le jeudi 20 fevrier 2020  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Le président du groupe parlementaire du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) à l’Assemblée nationale, Martin Mabala
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Contre un éventuel changement de Premier ministre n’est pas une bravade insensée. Si elle en dit long sur la cohésion au sein du régime, elle signale un flottement institutionnel jamais observé.

Le fait est suffisamment insolite pour être signalé : prenant le contre-pied de rumeurs distillées çà et là, le groupe parlementaire du Parti démocratique gabonais (PDG) à l’Assemblée nationale s’est récemment dit opposé à un éventuel changement de gouvernement. Par la voix de son président, Martin Mabala, il a rappelé avoir récemment accordé sa confiance au Premier ministre, avant de se livrer à une mise en garde : «Le changement de gouvernement ne constitue en rien une solution miracle aux nombreux problèmes que connaît notre pays», a-t-il martelé. Si d’aucuns y ont vu une bravade insensée, cette prise de position n’en est pas moins éloquente. Elle en dit long sur la cohésion au sein du régime. Laissant deviner de graves dissensions au sommet de l’Etat, elle signale un flottement institutionnel d’une ampleur jamais observée. D’une certaine manière, elle relance la polémique sur la présence effective du président de la République. Volens nolens, la vacance du pouvoir est de nouveau au centre des débats.

Vote quasi-mécanique

De tout temps, le groupe parlementaire PDG à l’Assemblée nationale s’est prévalu d’une fidélité au président de la République. Le jugeant taillable et corvéable à merci, une partie de l’opinion en est arrivée à parler de «godillots.» A l’exception des frondeurs jadis emmenés par le triumvirat Alexandre Barro Chambrier/Michel Menga/Jonathan Ignoumba, jamais les députés PDG n’ont osé prendre de position opposée à la bien-pensance ambiante. Systématiquement, ils ont accordé leur confiance au Premier ministre, même quand ce dernier n’était pas un militant historique de leur parti. Usant d’un vote quasi-mécanique, ils ont validé tous les textes soumis à leur appréciation, y compris quand ceux-ci brisaient la hiérarchie des normes ou créaient des situations inextricables. Ainsi, durant la dernière législature, ils ont cautionné le rattachement d’établissements publics à la présidence de la République, soutenu une loi sur les réunions publiques des plus liberticides, ratifié toutes les ordonnances sans y apporter le moindre amendement. C’est dire si la sortie de Martin Mabala étonne et détonne.

Depuis le début du mandat en cours, l’actuel groupe parlementaire PDG s’est montré fidèle à la tradition. Se réfugiant derrière la discipline partisane, il a accordé sa confiance à un Premier ministre nommé dans des conditions surréalistes, au cœur de la nuit et au plus fort des ennuis de santé du président de la République. Sur les mêmes fondements, il la lui a renouvelée 10 mois plus tard, sans exiger de bilan d’étape ni s’interroger sur la pertinence de sa déclaration de politique générale. Pourtant, au lendemain de l’annonce de l’actuel gouvernement, de nombreux observateurs avaient cherché à savoir quand le Premier ministre avait-il démissionné et quand avait-il été reconduit dans ses fonctions. A juste titre, ils se demandaient s’il s’agissait d’un remaniement ou d’un changement de gouvernement. En pure perte.

Eloigner le doute

Eu égard à toutes ces réserves, le plébiscite de Julien Nkoghé Békalé fut interprété comme le signe d’une volonté de coller au président de la République ou, tout au moins, de ne point contrarier ses plans. Du coup, il faut rechercher les motivations de la sortie de Martin Mabala. En se prononçant pour le maintien du Premier ministre, le président du groupe parlementaire PDG à l’Assemblée nationale a-t-il voulu prendre le président de la République de vitesse ? Ancien ministre de la Justice, a-t-il voulu lui dénier le droit d’exercer son pouvoir discrétionnaire ? Cherchait-il à affirmer l’autorité du Parlement et son rôle sur la marche du pays ? A-t-il agi de son propre chef ou après concertation avec ses collègues ? Aurait-il eu le courage d’énoncer une telle mise en garde s’il était convaincu de la capacité d’Ali Bongo à assumer les devoirs de sa charge ?

Au-delà des considérations partisanes ou pinailleries politiciennes, on doit se rendre à l’évidence : les députés PDG ne sont plus du tout convaincus de l’authenticité des actes prêtés à Ali Bongo. Le vin étant tiré, le pouvoir doit accepter de le boire : au lieu de se livrer à des attaques personnelles ou de se confondre en menaces par presse interposée, il doit éloigner le doute. S’il veut ressouder ses rangs, il doit clarifier les choses. Sur l’état de santé d’Ali Bongo comme sur l’identité du réel détenteur du pouvoir exécutif, il doit se résoudre à partager une information fiable, vérifiée et vérifiable. A défaut, ce sera la porte ouverte au délitement, envers et contre les députés PDG.
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