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[Analyse] Classement sans suite de la plainte contre Noureddin Bongo Valentin : « On assiste au Gabon à une judiciarisation du débat politique dans le but de faire des coups médiatiques »
Publié le dimanche 16 fevrier 2020  |  LaLibreville.com
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© Autre presse par DR
Le coordonnateur général des affaires présidentielles Nourredine Bongo Valentin, soupçonné de prendre part aux actes de criminalité financière en bande organisée
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Hier vendredi, le procureur de la République de Libreville, André Patrick Roponat, a classé sans suite la plainte de quatre activistes proches de l’opposition radicale gabonaise. Les plaignants, représentant Ça suffit comme ça, Dynamique unitaire, Mouvement sauvons la République et le ROLBG, n’ont produit aucune preuve matérielle ni aucun témoin à l’appui de leur action, perçue par beaucoup comme un coup médiatique à des fins politiques. Une dérive de la vie publique à laquelle beaucoup appellent à mettre un terme.

Hier vendredi, à l’issue de trois heures d’audition et de confrontation des plaignants et des de la partie défenderesse au tribunal de première instance de Libreville, le procureur de la République de Libreville n’a eu d’autre choix que de classer sans suite la plainte déposée le 14 janvier dernier par un collectif de quatre activistes proches de l’opposition radicale gabonaise contre le coordinateur général des affaires présidentielles.

« A la suite de cette saisine, le procureur de la République a commis une enquête au cours de laquelle les plaignants ont fait leur déposition confirmant leur plainte et M. Noureddin Bongo Valentin a été entendu sur les faits dénoncés. Au terme de l’enquête, les agents en faction au quartier Rio le 6 janvier 2020 n’ont pas confirmé les faits dénoncés par les plaignants qui affirmaient que ces agents auraient été en possession de milliards de francs CFA (…) L’enquête a permis également de démontrer que l’hôtel Nomad a pour propriétaire une personne autre que M. Noureddin Bongo Valentin. A la suite de tout ce qui précède et des confrontations qui ont duré près de trois heures ce jour le ministère public a classé la procédure sans suite pour inexistence de preuves », a déclaré ce vendredi le procureur de la République, André Patrick Roponat.

Si donc les plaignants n’ont produit aucune preuve à l’appui de leurs allégations, quelles étaient en réalité leur motivation ? « Dans ce genre d’affaires, l’objectif de ce qui estent en justice n’est pas d’obtenir satisfaction devant les tribunaux mais de faire un coup médiatique. Ils savent que les médias vont en parler et que ça va faire le buzz en raison de la personnalité de la personne attaquée. Il s’agit donc de faire un coup médiatique pour attirer l’attention de l’opinion publique », analyse un professeur en science politique de l’UOB.

Pour cet universitaire, il s’agit clairement d’une dérive. « Une partie de l’opposition, qu’elle que soit sa forme, politique ou activiste, ne semble plus vouloir s’inscrire dans le cadre institutionnel normal, faute d’être en capacité d’y peser réellement comme c’est le cas au Parlement (une partie de l’opposition ayant boycotté les dernières élections législatives d’octobre 2018, NDLR). Du coup, elle utilise davantage les médias, les réseaux sociaux mais aussi la justice », explique ce professeur pour qui « il s’agit d’une dérive. On assiste au Gabon à une judiciarisation du débat politique dans le but de faire des coups médiatiques », constate-t-il.

De fait, la plainte des quatre activistes contre Nourredin Bongo Valentin en rappelle une autre. Celle du collectif Appel à agir qui, en 2019, avait saisi les tribunaux ordinaires en espérant faire constater la vacance du pouvoir présidentiel. Ici aussi, les plaignants n’avaient pas la qualité pour agir et les juridictions saisies n’étaient pas compétentes pour connaitre d’une telle affaire. Mais ici aussi, il ne s’agissait pas tant pour les plaignants d’obtenir gain de cause que d’attirer sur eux les lumières médiatiques.

Pour cet autre professeur de l’UOB, spécialisé en droit public, il s’agit d’un détournement de la Justice. « L’institution judiciaire est détournée de sa fonction initiale, dire le droit et trancher les conflits, et fait l’objet d’une instrumentalisation politique », constate-t-il. « En ce cas, on peut considérer que les plaignants commettent ce que l’on appelle un abus de droit, ce qui est un délit pénalement répréhensible et dont le ministère public pourrait se saisir car cela peut potentiellement créer un trouble à l’ordre public », analyse-t-il. En effet, « si les plaignants saisissent la Justice à tort et à travers et qu’il n’y a pas qu’ils ne sont pas un à un moment donné sanctionnés, ce genre d’actions risquent de se multiplier », craint-il.

Il n’est toutefois pas certain que le Gabon continue encore très longtemps de suivre cette pente dangereuse. Au lendemain de leur plainte déposée contre Nourredin Bongo Valentin, ce dernier a contre-attaqué en déposant plainte à son tour, le 15 janvier dernier, pour diffamation contre les quatre activistes. Ceux-ci devront désormais répondre de leurs motivations devant la Justice. Manière de rappeler que la réputation d’une personne ne peut être salie impunément. C’est là le meilleur garde fou pour éviter l’hystérisation du débat public et le ramener à plus de sérénité.
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