Premier directeur général autochtone de la filiale gabonaise de Total, Henri Max Ndong Zué serait-il sur le point de connaître une ascension politique avec la bénédiction des milieux d’affaires de l’ancienne puissance coloniale? Telle est la question que l’on pourrait se poser tant le nom du technocrate circule avec insistance dans les salons feutrés de la capitale gabonaise et ailleurs.
En effet de nombreux observateurs de la vie politique gabonaise et habitués des jeux de pouvoir mêlant « le partenaire historique du Gabon », voient en ce cinquantenaire un candidat crédible pour occuper de très hautes fonctions au sein de l’appareil étatique. Comme l’a suggéré dans une analyse notre confrère Gabonreview, l’homme qui a dirigé Total Gabon entre 2015 et 2018, pourrait connaître une trajectoire semblable à celle de l’ancien premier ministre béninois Lionel Zinsou.
Méconnu des populations, ce technocrate passé par l’École polytechnique et l’École nationale des statistiques et de l’administration économique de Paris, et embauché par Elf en 1991, l’est beaucoup plus du milieu des affaires puisqu’il avait créé la sensation en devenant en 2015 le premier Gabonais à être désigné à la tête de Total Gabon. Une fonction prestigieuse, pour un homme au parcours brillant, et qui avait toujours été dévolu à des non nationaux.
Néanmoins, si Henri Max Ndong Nzue avait le profil de l’emploi du côté de Total Gabon, il est soigneusement resté loin de la politique. Une position qui pourtant ne l’empêche pas d’être pressenti comme un potentiel ministre du Pétrole ou des Finances. De plus, le fait que depuis son départ de Total Gabon il n’ait pas quitté le pays alors que sa résidence principale se trouve en France, relève un peu plus l’intrigue.
Une intrigue renforcée par la position d’Hervé Gaymard ancien ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie français, qui dans un rapport qui traite de la relance de la présence économique française en Afrique, souligne « l’urgence d’une ambition collective à long terme en Afrique ». Le Gabon étant un pilier de cette présence française en Afrique au regard de la prééminence des acteurs économiques du « pays de Marianne », nul doute que l’ancienne puissance coloniale pourrait se muer en “Gepetto”.
Avec un déclin très net de leurs parts de marché qui ont été divisées par deux depuis 2001, passant de 12% à environ 6% d’après une récente étude menée par trois économistes de la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (COFACE), le possible adoubement d’Henri Max Ndong Nzue dans un remake à la Lionel Zinsou du Bénin, pourrait affirmer un peu plus cette volonté de « reconquête » d’un pays qui a vu la Chine prendre l’ascendant sur l’Hexagone.