NTICGabon : « Nous assistons à des dérives sur les réseaux sociaux » (président de la commission nationale pour la protection des données à caractère personnel)
Publié le jeudi 30 janvier 2020 | LaLibreville.com
La célébration de la 14e édition de la journée mondiale de la protection des données personnelles, mardi 28 janvier, a été l’occasion pour le président de la commission nationale pour la protection des données à caractère personnel (CNPDCP), Joel Dominique Ledaga, de rappeler l’intérêt mais également les dangers du mésusage des réseaux sociaux en particulier pour les jeunes. Un avertissement qui prend un relief particulier alors que vendredi dernier des rumeurs sur une supposée vague d’enlèvements d’enfants diffusées sur les réseaux sociaux ont entraîné des violences à Libreville, la capitale, coûtant la vie à deux innocents, lynchés par la foule.
A l’instar de la communauté internationale, le Gabon a célébré ce 28 janvier, la journée internationale de la protection des données personnelles sur le thème de l’« Education au numérique : les jeunes face aux réseaux sociaux ».
Une célébration qui a pris une résonance toute particulière compte tenu de l’actualité. Vendredi 24 janvier dernier, suite à la diffusion de rumeurs sur une prétendue vague d’enlèvements d’enfants à Libreville, dans plusieurs quartiers populaires de la capitale, les habitants ont dressé des barricades, brûlé des voitures et lynché à morts deux innocents, accusés à tort d’être des kidnappeurs d’enfants.
« Nous assistons à des dérives. Il revient donc à la commission, gendarme, dans le cadre de la protection des données à caractère personnel dans notre pays de mener non seulement des missions de sensibilisation pour apporter à ces jeunes la bonne information, leur expliquer que le réseau internet qui est un réseau vaste sans limite est un fourre-tout où toute expression est admise mais il vous revient de faire extrêmement attention », a déclaré le président de la CNPDCP, Joel Dominique Ledaga, une institution créée en 2011 pour lutter contre les atteintes à l’identité humaine, aux droits de l’homme, à la vie privée et aux libertés individuelles ou publiques, susceptibles d’être engendrées par la collecte, le traitement, la transmission, la stockage et l’usage des données personnelles des citoyens..
Si l’effet bénéfique des réseaux sociaux est avéré, leurs potentiels effets néfastes le sont tout autant, comme l’a rappelée la ministre d’Etat, ministre des Relations avec les institutions, Denise Mekan’me. Compte tenu de l’actualité tragique de ces derniers jours au Gabon, celle-ci a insisté sur la nécessité d’une sensibilisation accrue auprès des jeunes. « Les réseaux sociaux doivent servir à un usage plus noble, qu’il s’agisse de l’éducation, de la culture, de contacts humains positifs, que ce que nous avons vécu au Gabon ces derniers jours », a-t-elle fait remarquer.
Au Gabon, comme ailleurs dans le monde, beaucoup appellent à une régulation plus forte des réseaux sociaux où des comportements délictuels et inadmissibles (injures, harcèlement, diffusion d’images violentes ou à caractère pornographique), voire déstabilisant pour les Etats (fakenews durant les campagnes électorales), ont de plus en plus cours. Raison pour laquelle, en Afrique notamment, l’expérience chinoise, si elle peut paraître excessive à certains égards, est regardée avec de plus en plus d’intérêt face à un modèle totalement dérégulé qui a, ces dernières années, montré ses limites.