Malgré le communiqué du gouvernement appelant à une reprise des cours, le 27 janvier, les cours n’ont pas repris dans les écoles, lycées et collèges de la capitale gabonaise. Le spectre des événements de la semaine passée et notamment du 24 janvier, relatifs à de supposés enlèvements, a dissuadé les parents de garder leurs enfants à la maison. La rencontre entre le Premier ministre et les syndicats du secteur n’a pas permis d’aboutir à une décision précise de reprise des cours.
Les efforts du gouvernement à calmer les esprits à la suite des fâcheux événements du 24 janvier n’ont pas eu d’effet sur la population. Ce 27 janvier, les parents d’élèves ont plutôt respecté le mot d’ordre d’«école morte» lancé par le Syndicat national des enseignants du Gabon (Sena), la Convention nationale des syndicats du secteur éducation (Conasysed) et par la Fédération nationale des parents d’élèves du Gabon (Fénapeg). Les établissements scolaires publics et privés sont désespérément restés vides.
Le gouvernement a tenté de rassurer la population, dans la soirée du 25 janvier, après la vague de violences nées des alertes de présumés enlèvements dans plusieurs quartiers de Libreville. Tout en condamnant «avec la plus grande énergie ces actes manipulatoires», le gouvernement a annoncé un déploiement conséquent des forces de sécurité et de défense sur toute l’étendue du territoire national, avec une plus grande concentration aux abords des établissements scolaires.
Mais cela n’a pas suffi à persuader la population, notamment les parents d’élèves. Par principe de précaution, la Fénapeg, le Séna et la Conasysed avaient invité les parents à garder leurs enfants à la maison et les enseignants à arrêter les cours sur toute l’étendue du territoire. «Ce n’est pas un problème politique, il ne s’agit pas de vacations, il ne s’agit pas de reclassements, il ne s’agit pas de rappels, il ne s’agit pas de questions financières ou administratives concernant les enseignants. Il s’agit de nos enfants, de notre avenir. Et l’avenir de nos enfants est aujourd’hui menacé», a expliqué le syndicaliste Marcel Libama, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
En gardant leurs enfants à la maison, «il s’agit, selon le syndicaliste, de faire respecter le principe de précaution». Un principe, a-t-il dit, «qui exige que nous prenions des mesures préventives pour assurer la sécurité de nos enfants et les conditions de sérénité pour une éventuelle reprise des cours».
Quelques parents ont tout de même accompagné leurs enfants à l’école. Mais ils ont vite fait de les ramener à la maison. Les écoles étaient vides, les enseignants et autres membres de l’administration, pour certains à leur poste, n’ont pas voulu prendre la responsabilité de garder ces élèves dans les établissements. Ceci, en dépit du communiqué du ministre de l’Éducation nationale, Patrick Daouda Mouguiama.
«C’est moi qui paie pour l’école de mon enfant. Si je juge que les choses ne se passent pas bien, je ne peux pas lui demander d’aller à l’école. C’est ce que j’ai fait aujourd’hui, au regard de la grande violence qui a sévi sur Libreville vendredi. On ne nous a pas encore expliqué ce qui se passe. Il faut de vraies explications pour calmer et rassurer le peuple», a expliqué un parent d’élèves.
Dans l’après-midi, le délégué général de la Conasysed, Louis Patrick Mombo, a indiqué que le ministre de l’Éducation nationale et les syndicats se sont rencontrés. Malgré les promesses du gouvernement de mettre en place une police scolaire et de procéder à la formation, dès le 3 février 2020, de 1000 auxiliaires de sécurité, les syndicalistes annoncent une suspension prolongée des cours.