Dans la foulée de la mort de deux pères de famille consécutive aux manifestations nées des supposés enlèvements d’enfants, le ministre de l’Intérieur, Lambert-Noël Matha, a condamné dans la nuit du 24 janvier des «actes manipulatoires», «la justice populaire» en annonçant un déploiement «conséquent des forces de sécurité de Défense sur toute l’étendue du territoire national avec une plus grande concentration aux abords des établissements scolaires».
«Le gouvernement gabonais s’est débrouillé à rassurer la population sur la supposée vague d’enlèvements qui secoue le pays depuis quelque temps». Telle est l’interprétation donnée par un parent ayant suivi la sortie du ministre de l’Intérieur, Lambert-Noël Matha, qui, dans un communiqué, dans la nuit du 24 janvier, a donné le point de vue du gouvernement sur ces événements malheureux suscités par une supposée vague d’enlèvement d’enfants dans le pays.
Pour la deuxième fois en l’espace d’une semaine, le gouvernement a dû réagir face à la justice populaire, qui a déjà fait deux morts. «Depuis plusieurs jours, des informations fortement relayées par les réseaux sociaux font état de nombreux cas d’enlèvement d’enfants dont le dessein est de semer le trouble, la peur et de justifier une justice populaire en s’attaquant à des innocents», a dénoncé le ministre de l’Intérieur.
Selon Lambert-Noël Matha «cette pratique aura coûté la vie en début l’après-midi à un compatriote, Stanislas Mba Ngoua, qui a eu le malheur d’être au mauvais endroit et au mauvais moment». Pour lui, des «manipulateurs assassins» seraient à l’origine de ces fausses nouvelles qui ont fait plusieurs victimes dont Patrick Eyéghé, décédé lui aussi malheureusement, le 25 janvier dans la matinée.
Si le gouvernement «condamne avec la plus grande énergie ces actes manipulatoires et déplore la perte de ce jeune compatriote», le ministre de l’Intérieur a précisé que des enquêtes ont été ouvertes pour tous les cas. «Le gouvernement tient à préciser que du 1er janvier 2020 à ce jour, aucun service de Police ni de Gendarmerie n’a enregistré de plaintes pour enlèvement d’enfants, à l’exception de celle de la famille du jeune Ngoua Abagha Anderson Rinaldi, enregistrée à Bitam, dans la province du Woleu-Ntem et dont les enquêtes sont en cours», a-t-il affirmé.
Le gouvernement estime en outre que cette psychose est «savamment entretenue». D’où l’annonce d’un déploiement conséquent des forces de sécurité et de défense sur toute l’étendue du territoire national, avec une plus grande concentration aux abords des établissements scolaires.
Il a également annoncé des fouilles systématiques des véhicules en rappelant que la propagation des fausses nouvelles, via les réseaux sociaux ou tout autre moyen qui trouble l’ordre public, expose son ou leurs auteurs et complices à des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 5 ans, conformément aux dispositions de l’article 227, alinéa 1er du Code pénal.
La tension est montée le 24 janvier dans des quartiers de Libreville à cause des rumeurs d’enlèvement d’enfants. La route nationale N°1 et les entrées des quartiers tels que Beau-Séjour, Nzeng-Ayong, PK 12, Awendjé ont été barricadées à plusieurs endroits. Des feux ont été allumés un peu partout par la foule en colère. Quelques véhicules ont été cassés tandis qu’une a été incendiée. Les forces de l’ordre et de sécurité sont intervenues, tirant du gaz lacrymogène pour disperser les manifestants.