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Gabon : Jean Ping très critiqué pour ses propos jugés « virulents » et « misogynes » à l’encontre de Sylvia Bongo
Publié le vendredi 13 decembre 2019  |  LaLibreville.com
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© Autre presse par DR
Gabon : entre Ali Bongo Ondimba et Jean Ping, le bras de fer judiciaire continue
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Lors de son allocution publique hier mercredi l’ex-leader de l’opposition s’en est pris avec une rare violence à la première dame, Sylvia Bongo Ondimba. Une attitude jugée « déplacée », très mal perçue jusque dans les rangs de l’opposition. Explication.

Valentine a beau être une fervente militante de l’opposition, « depuis dix ans », confesse-t-elle, elle ne décolère pas. Cette enseignante d’une quarantaine d’années, mère de famille, vivant à Port-Gentil, n’a pas apprécié les propos de Jean Ping lors de son allocution publique ce mercredi.

« La première des violences faites aux femmes est la violence verbale. Les responsables politiques doivent, à cet égard, être exemplaires. Or, hier, j’estime que Jean Ping, pour qui j’ai voté en 2016, à franchi la ligne rouge. De tels propos sont intolérables dans la bouche d’un dirigeant », peste-elle.

Hier mercredi, depuis son QG du quartier des Charbonnages dans le premier arrondissement de Libreville, l’ex-pilier du régime du temps de feu Omar Bongo Ondimba s’en est en effet pris avec virulence à Sylvia Bongo Ondimba.

« Ces derniers jours, nous avons vu le démantèlement de la dernière bande qui avait mis la main sur l’État (celle de Brice Laccruche Alihanga, NDLR). Aujourd’hui, c’est une autre bande, la bande à Sylvia qui tire les ficelles et s’oppose résolument à la libération de notre pays qui n’a que trop tardé, une libération qui est désormais urgente et impérative pour le peuple gabonais », a vitupéré l’opposant sur le déclin.

Allant un cran plus loin dans l’outrance, Jean Ping a qualifié la première dame d’ « ennemie » du Gabon. « Notre pays a accueilli sur son sol la famille de cette femme qui a bénéficié de toutes les conditions, non seulement pour être bien intégrée jusqu’au sein de la haute administration, mais aussi pour prospérer dans le monde des affaires (…) Son affairisme nuit gravement aux intérêts de l’Etat ; en agissant ainsi, elle se pose ouvertement en ennemie du Gabon. Il faut en convenir publiquement et le dire. Le peuple gabonais ne saurait le tolérer », a tonné celui dont le leadership au sein de l’opposition est mis à mal.

Des propos opportunistes sans doute (Jean Ping s’en prenant alternativement aux uns et aux autres, un jour à Maixent Accrombessi, le lendemain à Brice Laccruche, etc.) et non dénué d’arrières-pensées politiques, mais qui n’ont pas eu l’heur de plaire aux associations féministes.

« Quel genre d’homme s’autorise à parler ainsi à une femme ? C’est de la violence pure et simple, avec une pointe de misogynie en plus », s’étrangle Marie, responsable d’une association de défense contre les violences faites aux femmes, basée dans le 6ème arrondissement, un quartier très populaire de Libreville. Pour Valentine, une ex-pensionnaire de la maison d’Alice, une institution qui abrite les femmes violentées le temps pour elle de se reconstruire, de tels propos devraient être condamnés en justice. « Trop d’hommes estiment pouvoir se défouler sur les femmes qu’ils jugent sans défense. Pour eux, ce sont des proies faciles. Pour faire cela, il faut avoir un fort sentiment d’impunité », déplore-t-elle.

Quatre petits mots pour répondre à une logorrhée

Pour agiter au tragique de la situation, il faut rappeler que Sylvia Bongo Ondimba a crée au début des années 2010 une fondation, la Fondation Sylvia Bongo Ondimba pour la famille, réputée pour son engagement contre… les violences faites aux femmes. Entre autres initiatives, celle-ci est à l’origine de l’ouverture début 2017 de la Maison d’Alice.

Comme un pied de nez, ce jeudi, Sylvia Bongo a choisi de répliquer avec ironie à Jean Ping en postant sur sa page Facebook et son compte Twitter une photo où on la voit entourée d’une nuée de femmes avec une légende de quatre mots seulement, qui tranche avec la logorrhée du leader de la CNR : « La bande à Sylvia » (manifestement, pas tout à fait celle que Jean Ping avait à l’esprit, NDLR…). L’occasion pour l’ex-leader de l’opposition de méditer cette formule du Mahatma Gandhi : « la non-violence est, en toute circonstance, supérieure à la violence. »

Pour rappel, Jean Ping et son entourage n’en sont pas à leur premier dérapage verbal. En septembre dernier, en pleine émeutes xénophobes en Afrique du Sud, le leader de la CNR avait laissé, sans trouver à y redire, l’un de ses lieutenants dans le l’Ogooué-maritime, Féfé Onanga, menacer de représailles les commerçants ouest-africains de Port-Gentil. Une attitude qui, à l’époque avait suscité l’indignation des associations de défense des droits de l’Homme tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
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