La journée internationale de lutte contre la corruption, qui a eu lieu partout dans le monde lundi 9 décembre, a eu cette année une résonance particulière au Gabon où une opération anti-corruption d’une ampleur inédite est en cours.
Étrangement, cette journée internationale de lutte contre la corruption, qui s’est déroulée lundi 9 décembre, est passée relativement inaperçue au Gabon. Pourtant, celle-ci aurait dû y avoir cette année une résonance particulière. Elle a en effet eu lieu alors qu’une opération anti-corruption, visant plus d’une vingtaine d’ex-responsables publics, est en cours dans le pays. Depuis le 10 novembre, d’ex-dirigeants d’agences et entreprises publics ont été placés en détention préventive, alors que plusieurs ministres sont eux en garde à vue.
Ce lundi 9 décembre, les représentants d’entités para-étatiques, de la société civile, des organismes internationaux et de la Commission de lutte contre l’enrichissement illicite se sont réunis dans l’auditorium du ministère des Eaux et Forêts pour identifier les voies et moyens à mêmes d’enrayer ce fléau. Pour cette édition, ils ont choisi de se concentrer sur le cadre spécifique de la passation des marchés publics qui, par le passé, a donné lieu à quantité d’abus.
Lors des échanges, différentes pistes de solutions ont été avancées par les parties prenantes. Si la plupart sont disparates, plusieurs d’entre elles ont convergé vers un point commun : la nécessité d’une répression plus forte en la matière.
Un encouragement à poursuivre jusqu’au bout l’opération anti-corruption
« Il faut sans doute y voir un effet conjoncturel », a commenté l’un des membres de la Commission de lutte contre l’enrichissement illicite au sortir de cette réunion. « Mais aussi deux signaux importants. D’une part, l’encouragement à poursuivre jusqu’au bout l’opération anti-corruption en cours. Il ne faut pas laisser s’installer un sentiment d’impunité et ne pas négliger la valeur d’exemplarité pour les échelons subalternes d’une telle opération. Par surcroît, ce type d’opération ne doit pas être ponctuel, mais permanent », a déclaré l’intéressé, ajoutant aussitôt qu’ « il est nécessaire, d’autre part, d’appliquer la loi dans toute sa rigueur. Les textes sont là. Il faut les exécuter. »
En juin dernier, le Gabon a adopté un nouveau Code pénal dont les dispositions sont parmi les plus sévères en Afrique en matière de répression contre la délinquance financière, la corruption et l’enrichissement illicite (lire notre article). Il appartient désormais à la nouvelle ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Erlyne Antonella Nembet, épouse Damas, d’en retranscrire l’esprit à travers la définition d’une nouvelle politique pénale.
L’espoir est permis car, cette fois-ci, la volonté vient d’en haut. Le 8 juin, dans son discours, le président Ali Bongo Ondimba avait rappelé sa volonté « d’en finir une fois pour toutes avec la corruption qui gangrène nos institutions ». Des paroles, c’est le moins que l’on puisse dire, qui ont été suivies d’effet depuis.