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Noureddin Bongo Valentin au cœur de l’appareil d’Etat : La vacance du pouvoir, toujours de saison
Publié le samedi 7 decembre 2019  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
La nomination de Noureddin Bongo Valentin (au premier plan) apparaît comme une manœuvre visant à combler un vide tout en rendant illisible la situation actuelle
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La nomination du fils aîné d’Ali Bongo ne peut être comprise comme le signe d’une volonté de redistribuer les rôles. Elle incite à s’interroger sur les réelles capacités du président de la République à assumer les devoirs de sa charge.

Tout le monde en convient : c’est une décision lourde de sens. A la faveur du dernier Conseil des ministres, le fils aîné d’Ali Bongo a été catapulté coordinateur général des Affaires présidentielles. A cette fonction, Noureddin Bongo Valentin sera chargé d’”(assister) le président de la République dans la conduite de toutes les affaires de l’Etat“. Il aura aussi pour mission de “(veiller) à la stricte application de ses décisions“. Au vu du contexte politico-institutionnel, cette nomination ne peut être comprise comme le signe d’une volonté de redistribuer les rôles. Elle incite à s’interroger sur les réelles capacités d’Ali Bongo à assumer les devoirs de sa charge. Autrement dit, elle remet le débat sur la vacance du pouvoir au goût du jour.

Capharnaüm indescriptible

Depuis février 2018, le collectif citoyen Appel à agir a fait de la vacance du pouvoir son cheval de bataille. Usant d’outils à sa portée, il a tout tenté pour parvenir à une expertise médicale. Malgré elles et en dépit de leur refus de donner suite à cette requête, les institutions ont pris part à ce débat depuis le début : à travers la très controversée décision n° 219/CC du 14 novembre 2018, la Cour constitutionnelle a créé la notion d’”indisponibilité temporaire” afin d’éviter l’application des dispositions relatives à l’empêchement définitif et à la vacance. Pour sa part, le cabinet présidentiel a adopté une communication destinée à montrer un “président de la République au travail“. Dans le même temps, on a assisté au chamboulement de l’appareil d’Etat : au gouvernement, dans la haute administration ou à la tête des entreprises publiques, des proches du directeur de cabinet d’alors ont été imposés. Tout se passait comme si Brice Laccruche-Alihanga détenait la réalité du pouvoir exécutif.

Toujours en cours, l’opération Scorpion a mis fin à cette situation surréaliste. Les uns après les autres, les proches de l’ancien directeur de cabinet sont passés du Capitole à la roche Tarpéienne. Synchroniquement et sans raison officielle aucune, de nombreuses personnalités sont revenues en grâce. Dans ce capharnaüm indescriptible, un énième gouvernement a été annoncé. Si une certaine opinion y a vu une reprise en main, une autre y a décelé un fonctionnement irrégulier des institutions. Chargeant Brice Laccruche-Alihanga de tous les péchés, les premiers décrivent un Ali Bongo définitivement aux manettes. Pointant d’incessants mouvements de personnels, les seconds dénoncent l’absence d’une autorité incontestée au sommet de l’Etat. A mots à peine couverts, ils s’interrogent sur la régularité des décisions prises depuis le 24 octobre 2018, suspectant même une falsification de documents.

Des moments de forte instabilité

De fait, le cas Lambert-Noël Mathas laisse songeur : nommé ministre de l’Intérieur au lendemain de la présidentielle d’août 2016, il fut rétrogradé au fantomatique ministère de la Décentralisation et de la cohésion des territoires le 10 juin 2019, avant d’être débarqué du gouvernement le 03 octobre 2019 puis d’être rappelé au… ministère de l’Intérieur le 02 décembre dernier, soit un mois à peine après son éviction. Le même constat vaut pour Sébastien Ntoutoume Békalé, rappelé à la tête de la principale chaîne de l’audiovisuel public deux mois après son éviction. Un président de la République peut-il s’adonner à un tel jeu de yo-yo avec un ministère régalien comme l’Intérieur ? Peut-il, avec autant de facilité, reconsidérer ses propres décisions en si peu de temps ? Sauf à l’accuser de mettre en péril son autorité, on peut difficilement le soutenir. Du coup, la nomination de Noureddin Bongo Valentin apparaît comme une manœuvre visant à combler un vide tout en rendant illisible la situation actuelle.

De toute évidence, l’appareil d’Etat vit des moments de forte instabilité. Sur la cession des titres fonciers de l’Etat à la Caisse des dépôts et de consignation (CDC) ou le paiement en nature de la Redevance minière proportionnelle (RMP), le gouvernement a rétropédalé, laissant le sentiment d’avoir initialement endossé des décisions prises ailleurs. D’où les incertitudes sur l’identité du véritable donneur d’ordres. Des esprits retors, ont-ils profité de l’état de santé d’Ali Bongo pour imposer leurs vues à l’ensemble des institutions ? Eu égard à l’étendue du champ d’intervention de Noureddin Bongo Valentin, on peut le penser. N’en déplaise aux zélateurs, le débat sur la vacance du pouvoir est toujours de saison.
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