Une jeune gabonaise de 17 ans a réussi à pomper la coquette somme de 500 000 FCFA (quelques 763 €) pour avoir plongé le pasteur et les fidèles d’une église de réveil dans l’émotion en leur racontant un faux témoignage sur son propre bébé.
L’adolescente s’est introduite dans l’église à Libreville à l’occasion d’un séminaire sur le thème : « l’amour du prochain ». Le pasteur de l’église, pétri de talent sur l’art oratoire, a livré à ses fidèles plusieurs références bibliques sur l’amour.
Pendant le prêche, les fidèles touchés au plus profond de leur âme, exultaient par des « amen » à répétition.
A la fin, du haut de sa tribune et conscient d’avoir accompli sa mission, le pasteur invite les fidèles à faire des témoignages sur les actes d’amour qu’ils ont déjà posé dans leur vie.
Le micro passe d’un fidèle à l’autre. Puis chez la jeune fille dont nous taisons volontairement le nom, tout comme le nom de l’église.
Elle se lève. Un bébé de moins d’un an accroché sur la poitrine. « Mon acte d’amour c’est ce petit ange », raconte-t-elle.
« Un matin, je l’ai trouvé abandonné devant la porte de ma chambre. Enveloppé dans un pagne, il dormait paisiblement. J’ai commencé à crier. Le voisinage est arrivé promptement. Nous avons conduit l’enfant au commissariat. On nous a envoyé à l’hôpital général puis au service social dans l’espoir de retrouver la mère de l’enfant. Pas de solution. La police m’a laissé la garde du bébé qui avait à peine 3 mois », poursuit-elle.
Si à ce moment le souvenir de la littérature dite « du monde » avait traversé le cerveau d’au moins un membre de l’église, il se serait souvenu des années-école ; la belle fable du ’’corbeau et du renard’’ qu’a inventée le poète français Jean de la Fontaine, en 1647.
Le récit de l’adolescente devient saisissant lorsqu’en larmes, elle raconte ses propres problèmes : « Papa est mort. Maman est morte. La famille a exproprié les orphelins. Le petit copain qui payait la chambre a taillé à cause du bébé ».
« Ça fait deux jours que le bébé boit l’eau sucrée comme repas. Et moi, une galette au beurre. A l’aide s’il vous plait. Je n’en peux plus. S’il vous plaît aidez-moi », sanglote la jeune maman serrant davantage son bébé.
Très touché, le pasteur organise séance tenante une collecte. Les offrandes s’élèvent à 300 000 FCFA. Le pasteur ordonne de prendre encore un peu dans la caisse de l’église. La cagnotte augmente à 500 000 FCFA. L’adolescente et son bébé rentrent à la maison. Du coup, la vie change.
C’est sans compter avec les pasteurs ; très jaloux de leurs dépenses. Pourtant ils enseignent qu’ « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir », ainsi qu’il est écrit dans la Bible (Actes 20, v35), mais ils donnent rarement ou presque jamais, préférant plutôt recevoir.
Le pasteur décide alors d’organiser une visite à domicile pour évaluer les conditions de vie de la maman et son bébé en vue des actions futures. La jeune fille donne à chaque fois une raison échappatoire.
Mais le crime parfait n’existe pas, enseignait il y a quelques années feu Pierre Bellemare dans ses ’’Enquêtes impossibles’’. Il aimait à dire que « Dans la précipitation, l’assassin a laissé un tas d’indices derrière lui… ».
Elle était très loin d’imaginer que sa page Facebook la confondrait ; des photos d’elle enceinte et sur un lit d’hôpital avec son bébé ont donné des vertiges au chef de l’église qui n’a pas apprécié d’avoir été roulé comme un bleu.
L’enfant adoptif, en réalité ne l’est pas. La mère a menti. Un nouveau choc pour les fidèles de cette église qui multipliaient des actions de grâce pour la menteuse et son bébé.