Le Syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag) a donné de la voix, le 26 novembre à Libreville, après l’interpellation d’Olivier N’Zahou, ancien procureur de la République, par des éléments de la Police judicaire et les services spéciaux (DGSS). «Il est vrai que nul n’est au-dessus de la loi, même pas le juge qui rend la justice en votre nom, mais le juge n’est pas un justiciable comme les autres», a rappelé le Synamag.
La vague d’arrestations d’anciens responsables d’administrations publiques et parapubliques a touché l’ancien procureur de la République, près le tribunal de première instance de Libreville, provoquant la colère du Syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag).
Le 26 novembre à Libreville, la corporation des magistrats s’est indignée de l’interpellation d’Olivier Nzaou par des éléments de la Direction générale des recherches (DGR) et la Direction des services spéciaux (DGSS).
«Il est vrai que nul n’est au-dessus de la loi, même pas le juge qui rend la justice en votre nom, mais le juge n’est pas un justiciable comme les autres», a rappelé le Synamag, rappelant que les mécanismes d’enquête, arrestation, poursuite et jugement des magistrats, sont régis par la loi N°12/94 du 16 septembre 1994 portant statut des magistrats. «Au regard de cette disposition, aucun officier de police judiciaire ni même les responsables de la DGSS ne peuvent convoquer ni entendre un magistrat», a insisté le Synamag.
Le cadeau empoisonné du «messager intime»
Après 16 mois passés comme procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville, des soupçons pèseraient sur certains biens d’Olivier N’Zahou. «Notre collègue a-t-il obtenu ses biens de manière frauduleuse ? Combien de responsables administratifs et politiques, voire militaires n’ont pas bénéficié de la mansuétude de ce bienfaiteur qui se faisait passer, y’a pas longtemps, pour le messager (Brice Laccruche Alihanga, ndlr) ? Recevoir un cadeau constitue-t-il une infraction ?», a interrogé le Synamag. «Si tel est le cas, il faudrait alors construire rapidement des nouvelles prisons pour accueillir ces nouveaux types de détenus au regard de leur nombre dans le pays», ont ajouté les magistrats.
A moins que tout ceci ne constitue un écran de fumée visant à voiler les raisons réelles de l’«exil» en province d’Olivier N’Zahou. Ces derniers jours, l’ex-procureur était parti en croisade contre la malbouffe imposée aux populations par certains établissements de restauration et d’alimentation générale de la capitale. Récemment, il annonçait également des poursuites et des interpellations d’anciens cadres de l’administration publique et parapublique soupçonnés de corruption et de blanchiment d’argent. Il a donc été stoppé net dans élan avec sa nomination au poste d’avocat général à la Cour d’appel judiciaire de Franceville. Juste après cette décision intervenue à l’issue du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), le 22 novembre, Olivier Nzaou a été interpellé.
Dans tous les cas, le Synamag a réaffirmé son engagement à lutter contre la corruption et l’enrichissement illicite. Le syndicat a invité les nouveaux enquêteurs de la nouvelle opération «Mamba», à se conformer aux «procédures en matière d’audition, d’interrogatoire, de perquisition, d’interpellation et de garde à vue de toutes les personnes soupçonnées des faits de corruption et de blanchiment de capitaux. Car, le risque est de voir toutes ses procédures entachées d’irrégularités qui conduiraient à leur nullité». Le Synamag a également invité le nouveau procureur de la République à «ouvrir une enquête sur la fortune de certains de ces agents».