Personnes ne connait le nombre, leurs noms ni leurs fonctions. « Les gardés à vue », c’est le petit nom que l’ex Procureur Olivier Nzaou a attribué aux anciens lieutenants de Brice Laccruche Alihanga, mis aux arrêts depuis bientôt deux semaines pour certains, un peu moins pour d’autres.
Près de deux semaines après le début des premières interpellations des hommes qui ont occupé des hautes fonctions dans le pays après l’Accident vasculaire cérébral (AVC) du président Ali Bongo Ondimba le 24 octobre 2018, les gabonais sont privés du droit à l’information.
Pour les uns, ces anciens intouchables ont été mis aux arrêts dans le cadre d’une opération mains propres dénommée Scorpion. Pour les autres c’est dans le cadre de « Mamba 2 ». Mamba 1 était lancée en 2017.
A l’époque Mamba 1 avait permis l’arrestation de deux figures emblématiques du premier septennat d’Ali Bongo : Etienne Dieudonné Ngoubou (puissant ministre du Pétrole à l’époque) et Magloire Gambia (ministre du ciel et de la terre durant le premier mandat). En dehors de ces deux personnages clefs du système, plusieurs DG des administrations publiques étaient expédiés à « Sans famille ». Alain Ndjoumbi Ossamy (DG de la Douane), Grégoire Bayimbi (DG au ministère des TP) et autres étaient sur cette liste loire.
Avec Scorpion, plusieurs DG des administrations publiques et parapubliques ainsi que des établissements bancaires sont actuellement privés de liberté. Sans que l’on ne sache qui exactement ?
Mauvais cœur
La justice fait sensiblement le « mauvais cœur ». Aucune information officielle ne circule sur ces personnes arrêtées. Tout se passe comme pendant la triste période du monopartisme où des personnalités qui n’étaient pas en odeur de sainteté avec le Parti-Etat pouvaient être détenues au secret.
Les réseaux sociaux et leur lot d’activistes souvent très zélés sont devenus la principale source de l’information. La rumeur est aussi devenu le pain le plus servi aux gabonais. Même les avocats ont du mal à faire leur travail.
La rumeur annonce l’interpellation musclée du procureur Olivier Nzaou quelques heures après son limogeage. Aucune réaction officielle. Une autre rumeur soutient qu’Ike Ngouoni est placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de Libreville. La présidence de la République ne dément puisque ce dernier est encore Conseiller du président de la République et porte-parole de la présidence de la République.
Toute cette ambiance crédite la thèse selon laquelle, l’opération en cours n’est autre qu’un vaste règlement de comptes entre les lobbies qui gravitent autour du chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba.
« C’est tout sauf une opération de justice », a déploré un des nombreux avocats qui se sont constitués pour défendre certains « gardés à vue ».
Garde à vue prolongée
Avant son limogeage, Olivier Nzaou avait indiqué dans l’unique déclaration sur la question que les droits de ces prévenus seront respectés à commencer par la durée de la garde à vue. Personne ne sait sur les textes en vigueur sont actuellement appliqués dans toute leur rigueur.