En l’espace de quelques jours, le président Ali Bongo Ondimba vient ostensiblement de réaffirmer son autorité.
Le ton – ferme, voire martial – employé dans son dernier message sur Facebook et Twitter tranche avec celui de ces derniers mois.
« J’ai présidé ce lundi la cérémonie de prestation de serment des nouveaux ministres », a indiqué ce soir le chef de l’Etat gabonais sur les réseaux sociaux, histoire de rappeler qui est le premier de cordée. Jeudi dernier, le numéro un gabonais a opéré des changements majeurs au sein du gouvernement, mais aussi de son cabinet présidentiel, à la tête duquel Théophile Ogandaga a succédé à Brice Laccruche Alihanga, et de la haute-administration.
Durcissement de ton
Poursuivant son propos en durcissant le ton, Ali Bongo Ondimba a lancé un avertissement : « Je serai intransigeant sur la discipline gouvernementale », a-t-il cinglé. Une sommation à l’attention des membres du gouvernement, mais également sans doute de tous les membres de la famille présidentielle dont les troupes ont eu tendance à se débander en début d’année alors que le président gabonais se remettait peu à peu d’un accident vasculaire cérébral survenu quelques mois plus tôt, le 24 octobre 2018, à Ryad en Arabie Saoudite.
Renouer un rapport direct avec les Gabonais
La discipline gouvernementale est d’autant plus nécessaire, selon le chef de l’Etat, qu’elle est un « gage d’efficacité de l’action publique ». Or, « les Gabonais attendent des résultats rapides dans leurs domaines de préoccupation quotidienne », a-t-il martelé, dans une volonté manifeste de renouer un rapport direct avec la population. Rapport qui, en raison de sa convalescence, s’était quelque peu distendu ces derniers mois, passant souvent par le truchement de son directeur de cabinet, du premier ministre ou des membres du gouvernement.
Ali Bongo, seul maître à bord
« Qu’on ne s’y trompe pas, la séquence politique que vient de vivre le Gabon s’analyse comme une reprise en main par Ali Bongo de la situation. Les récentes nominations sont motivées par la volonté de rééquilibrer le rapport de force entre les différentes tendances. En outre, ces derniers jours, Ali Bongo a ostensiblement repris la haute-main sur les dossiers régaliens, qu’il s’agisse de la défense, de la sécurité intérieure, de la justice, convoquant à tour de rôle ses ministres, ou encore de la diplomatie, un domaine qu’il va probablement réinvestir pleinement. Un sommet important de la CEEAC sera d’ailleurs organisé le 18 décembre prochain à Libreville », commente un spécialiste de l’Afrique centrale au sein de l’International Crisis Group.
Un an après son AVC et de longs mois de convalescence qui l’ont tenu éloigné de son pays, Ali Bongo Ondimba est bien le seul maître à bord au Gabon. Cela ne fait plus l’ombre d’un doute.