Dévolues jusqu’alors au ministre de l’Energie et des Ressources hydrauliques, Tony Ondo Mba, les mines, secteur stratégique de l’économie gabonaise, tombe dans l’escarcelle du ministre du Pétrole, du Gaz et des Hydrocarbures, Noël Mboumba. Le premier ministre Julien Nkoghe Bekale l’a annoncé jeudi 7 novembre en fin d’après midi. Une décision logique.
Nommé ministre du Pétrole, du Gaz et des Hydrocarbures le 10 juin dernier à l’issue du conseil des ministres, Noël Mboumba, l’ex-ministre délégué au Budget, puis à l’Économie, et ancien directeur général de la Société gabonaise de raffinage (Sogara), voit son périmètre ministériel renforcé.
L’homme, ressortissant de la Ngounié dans le sud-ouest du pays, vient de récupérer le très stratégique portefeuille des mines, jusqu’alors rattaché au ministère de l’Energie et de l’Eau, piloté par Tony Ondo Mba.
« Une décision pour le moins logique qui vient rationaliser, en les regroupant, les activités extractives qui ont fait l’objet chacune, coup sur coup, d’un nouveau code, en 2017 pour les Mines, en 2019 pour les Hydrocarbures », commente un professeur de l’Université Paris-Dauphine, spécialiste des matières premières et co-auteur chaque année du rapport Cyclope sur le sujet.
Le Gabon compte en effet redynamiser ces deux secteurs qui représentent une bonne partie de ses ressources budgétaires, en dépit du mouvement de diversification économique initié au début de la décennie. Et tirer davantage partie des ressources de son sous-sol en renégociant avec les industrires du secteur extractif via des prises de participations renforcées de l’Etat (dans le secteur pétrolier via la GOC, dans le secteur minier via la SEM). Des négociations sont actuellement en cours entre Libreville et Paris en vue d’une éventuelle montée du Gabon au capital de la Comilog, la filiale gabonaise d’Eramet qui exploite la mine de Moanda, l’une des plus riches en manganèse, dans la province du Haut-Ogooué (sud-est du pays).
6 % du PIB aujourd’hui, beaucoup plus demain
Le secteur minier au Gabon reste encore principalement centré sur l’exploitation du manganèse, les autres ressources naturelles du pays n’étant pas encore exploitées, à l’exception de l’or. Le secteur représente aujourd’hui 6 % du PIB, 6 % des exportations du pays et 3 % environ de l‘emploi privé.
Le secteur des mines devrait représenter dans le PIB, à un horizon de 15-20 ans, une part bien supérieure à celle qui est la sienne aujourd’hui. Outre le manganèse et l’or, le minerai de fer, dont le Gabon détient des réserves abondantes, figure parmi les ressources naturelles stratégiques du Gabon, alors que le sous-sol renfermerait aussi des métaux comme le niobium, des terres rares, de l’uranium, du cuivre, du zinc etc.
En 2017, le Gabon a adopté un nouveau code minier dans le but de clarifier les règles de l’exploitation minière et de donner un cadre plus stable aux investisseurs. Des dispositions dont le pays pourrait tirer profit au moment de la remontée des cours mondiaux.