Au Gabon, l’homosexualité est désormais considérée comme une infraction pénale. Le nouveau Code pénal a statué sur cette question alors que de plus en plus de gay et lesbiennes s’affichent dans les rues de la capitale.
L’homosexualité est prohibée au Gabon. Cette orientation sexuelle est désormais punie par la loi n°042/2018 du 05 juillet 2019 portant Code pénal. Rangée au titre “des agressions sexuelles et des atteintes aux mœurs”, dans le nouveau Code pénal qui ne cite pas explicitement le terme “homosexualité”, cette pratique est clairement soulignée à l’article 402 qui définit les différentes atteintes aux mœurs.
Ainsi, selon la loi, constituent des atteintes aux mœurs «tout acte impudique ou contre nature sur un individu de son sexe et mineur de moins de dix-huit ans», mais aussi, «les relations sexuelles entre personnes de même sexe».
Cette disposition pourrait mettre fin au débat sur cette question qui alimente des conversations depuis quelques années. D’aucuns ont en mémoire la polémique née en décembre 2013, quand l’hebdomadaire Faits divers avait annoncé le premier mariage gay. Les présumés mariés (deux hommes) avaient été interpellés par la police puis relâchés. Le procureur de la République, Sidonie Flore Ouwé, avait assuré qu’«il n’y avait pas mariage au sens de la loi et de la coutume». Les deux partenaires qui entretenaient leur relation depuis des années avaient pour ainsi dire célébré leur union sans officier d’état civil. Mieux, le procureur avait souligné qu’il s’agissait des majeurs et qu’«il n’y a aucune disposition du Code pénal gabonais qui sanctionne des majeurs qui auraient des rapports contre nature».
Alors que la relâche des deux gays avait scandalisé la société gabonaise qui considère l’homosexualité comme une abomination, ne cadrant pas avec les mœurs de la société, Sidonie Flore Ouwé avait martelé que «les sanctions n’existent que lorsque ces rapports contre nature sont faits sur des mineurs, mais pas sur des majeurs». Beaucoup avaient jugé le Code pénal gabonais favorable à l’homosexualité et le procureur était sûr d’avoir bien fait son travail. «On ne peut pas engager des poursuites contre quelqu’un si et seulement si le comportement n’est pas prévu et puni par la loi. Même après 100 ans, si la loi n’a pas changé, je ne vais même pas un peu regretter la décision qui avait été prise, qui était soutenue en droit», avait-elle renchéri.
Aujourd’hui, la loi a changé et prend position en faveur de ceux qui s’insurgent contre cette pratique jugée immorale. Mais pour beaucoup, les peines encourues par les coupables sont fantaisistes. Pour ainsi dire, le même article 402 stipule que quiconque se rend coupable des atteintes aux mœurs évoquées, «est puni d’un emprisonnement de six mois au plus et d’une amende de 5 millions de francs CFA au plus». «5 millions c’est rien pour un pédé», estime un observateur averti qui juge la sanction trop faible alors que l’homosexualité gagne de plus en plus du terrain au Gabon. «Les pédé ne se gênent même plus», a-t-il ajouté.