Après plus de trois mois d’attente, l’activiste gabonais est finalement rentré en possession de son nouveau passeport. Le patron de l’ONG Brainforest, proche de l’opposition, met sa longue attente dans le compte «des intimidations» du pouvoir à son endroit. Il entend donner “une suite à cette histoire”.
Défenseur des droits de l’homme et de l’environnement, Marc Ona Essangui a pu récupérer lundi son passeport à la direction générale de la Documentation et de l’Immigration (DGDI, ex-Cedoc). Il lui aura fallu attendre plus de 3 mois pour obtenir le renouvellement de son document. Proche de l’opposition, l’activiste n’hésite pas à assimiler sa longue attente à «des intimidations» de la part de la DGDI. Depuis début octobre, il avait fait campagne pour dénoncer cet état de fait, trouvant des échos dans la presse et dans l’opposition.
«J’ai reçu un appel du Cedoc, du directeur en charge des Contrôles et de l’Immigration, qui m’a prié d’aller récupérer mon passeport», raconte Marc Ona, joint par Gabonreview.
Depuis début juillet, l’activiste se voyait privé du renouvellement de son passeport. «Le passeport est une pièce d’état civil ; son renouvellement ne donne pas droit à des intimidations», déplore Marc Ona, disant avoir été privé de voyage pour plusieurs réunions à l’étranger.
L’activiste est le président de l’ONG environnementaliste Brainforest. Il est lauréat du Prix Goldman pour l’environnement en 2009. Marc Ona Essangui est par ailleurs membre du groupe “Appel à Agir” qui regroupe des opposants et des acteurs de la société civile, demandant une expertise médicale d’Ali Bongo dont ils doutent de la capacité de continuer à diriger le pays après son AVC survenu un an plus tôt.
Campagne de pression sur les autorités gabonaises
Après plus de trois mois d’attente, Marc Ona a commencé en octobre à médiatiser le non-renouvellement de son document.
«Je pense que n’avais pas à aller négocier depuis le 5 juillet le renouvellement de mon passeport. Et c’est pour cela que j’ai mené toute cette campagne: parce que je ne comprenais pas, alors que j’en suis au 5e passeport avec les mêmes documents», explique-t-il à Gabonreview.
Les médias nationaux et internationaux ont fait écho de son problème. Son avocat Eric Moutet a également enjoint les autorités à donner à M. Ona sa pièce d’identité. Le groupement “Appel à Agir” et le parti d’opposition Pour le changement (PLC) ont également dénoncé la situation. Enfin, Gabonreview a eu connaissance de “pressions diplomatiques” sur les autorités gabonaises.