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Interview: «Seuls cinq établissements répondent aux critères d’éligibilité» (Jean de Dieu Moukagni Iwangou)
Publié le mardi 29 octobre 2019  |  Agence Gabonaise de Presse
Jean
© Autre presse par DR
Jean de Dieu Moukagni Iwangou,Président de l’Union et solidarité ( US, opposition).
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Au terme de la publication des résultats de la Commission pour l’Enseignement Privé d’août-octobre 2019, à Libreville, qui a évalué les cinquante-sept (57) établissements recensés au Gabon en 2019-2020, le ministre de l’Enseignement supérieur, Jean de Dieu Moukagni Iwangou s’exprime à cœur ouvert sur le bilan de la commission et l’avenir des universités et grandes écoles gabonaises.

Agence Gabonaise de Presse: Monsieur le ministre, c’est une grande première, dans notre pays, de voir les autorités de l’Enseignement Supérieur arriver au bout d’une opération d’envergure en ce qui concerne le recensement, la localisation et l’évaluation en profondeur des établissements privés dans notre pays. Qu’est-ce qui a motivé le déclenchement de cette opération de contrôle ?

Jean de Dieu Moukagni Iwangou: «D’entrée de jeu, il me plaît de vous adresser mes compliments, pour cette interview que vous m’accordez dans vos colonnes, car elle participe à la pédagogie que la Commission pour l’Enseignement Supérieur Privé entend faire, auprès de l’opinion nationale et internationale, sur les résultats de ces travaux.
A la vérité, cette opération de contrôle des établissements privés d’enseignement supérieur vise à vérifier leur conformité à la règlementation en vigueur, qui est portée à la fois, par la loi 21/2011 du 14 février 2012 portant orientation générale de l’Education, de la Formation et de la Recherche en République gabonaise, la loi 21/2000 du 10 janvier 2001 fixant les principes fondamentaux de l’Enseignement Supérieur, la loi 21/84 du 29 décembre 1984 fixant les règles applicables à l’enseignement supérieur privé, et le décret 1039 du 7 novembre 2000 relatifs aux procédure d’habilitation à fonder et d’autorisation à ouvrir un établissement d’enseignement supérieur.
A cet effet, la Commission pour l’Enseignement Privé s’est réunie en session d’août-octobre 2019, à Libreville, afin d’évaluer les cinquante-sept établissements recensés, sur l’ensemble du territoire national, pour le compte de l’année académique 2019-2020.
Dans ce cadre, l’évaluation s’est effectuée à travers deux procédures. La première est l’habilitation à fonder un établissement d’enseignement supérieur. La deuxième est l’autorisation à ouvrir un établissement d’enseignement supérieur.
L’habilitation à fonder un établissement d’enseignement supérieur porte sur l’évaluation des deux acteurs principaux du projet.
Le premier acteur est le fondateur de l’établissement, dont il faut s’assurer pour l’essentiel de sa résidence sur le territoire national, afin de répondre devant les pouvoirs publics en cas de nécessité, de son passé carcéral ainsi que de sa moralité.
Le deuxième acteur est le responsable pédagogique, afin de vérifier qu’il a le profil et l’expérience requis, pour diriger avec efficacité un établissement d’enseignement supérieur. Dans ce sens, il doit appartenir à la profession enseignante, justifié d’un minimum de cinq ans d’expérience dans une fonction de coordination administrative ou pédagogique dans l’enseignement supérieur.
Au titre de l’autorisation à ouvrir un établissement d’enseignement supérieur, la Commission s’est attelée à contrôler la conformité des établissements à l’organisation académique officielle (facultés-départements-laboratoires) au programme du système LMD, aux qualifications des enseignants (Doctorat au minimum) et aux exigences d’assurances qualité.
A l’issue de ces deux procédures, les établissements conformes aux normes sus-indiquées se sont vus accorder et l’habilitation à fonder et l’autorisation à ouvrir un établissement d’enseignement supérieur.
A défaut, et selon la nature des irrégularités constatées, ceux ayant présenté des dossiers non conformes, incomplets ou dont les dirigeants ne se sont pas présentés se sont vus, pour certains, être placés sous accompagnement, pour d’autres sous le coup de la fermeture, et pour les derniers, la Commission a simplement constaté que les dossiers respectifs n’étaient pas soutenus, et que les établissements perdaient tout bénéfice de discussion et de division».

Quel bilan de manière globale pour édifier l’opinion, et comment vos différentes équipes ont-elles procédé pour mener cette opération à terme, avec autant de précision ?

«Comme indiqué plus haut, cette évaluation a été faite entre août et octobre, à la faveur d’une méthodologie complète, transparente et inclusive. Dans un premier temps, les experts de la Commission ont effectué des missions sur différents sites, dans le but de vérifier la conformité des installations techniques aux exigences de l’assurance qualité. A cette occasion, ils ont identifié le nombre des salles de classes, le nombre de bureaux administratifs, le nombre de laboratoires et des plateaux techniques, le nombre de sanitaires, et le nombre des issues de secours.
Dans un second temps, les Commissaires ont procédé à l’examen des dossiers, par l’audition des porteurs de projet ou du responsable de l’établissement. Ceci pour leur permettre de présenter et de défendre leurs projets pédagogiques, devant la Commission.
A l’issue de ces deux étapes, la Commission a rendu publiques ses délibérations dans deux documents officiels à savoir : le tableau de bord de l’enseignement supérieur privé et le tableau statistique de la Commission Pour l’Enseignement Supérieur Privé.
Les deux tableaux indiquent que sur cinquante-sept (57) établissements recensés, huit (8) ont uniquement obtenu l’habilitation à fonder, huit (8) ont obtenu concomitamment l’habilitation à fonder et l’autorisation à ouvrir un établissement d’enseignement supérieur.
Parce que leur mérite doit être connu et reconnu, il s’agit dans l’ordre alphabétique de BGFI Business School (BBS), de l’Ecole de Management du Gabon (EM - GABON), de l’Institut des Hautes Etudes Economiques et Entrepreneuriales (IHEE), de l’Institut des Hautes Etudes et de Management (IHEM), de Institut Supérieur des Sciences Economiques, Commerciales, de l’Information et de la Communication (ISSEC –IC), de Libreville International Business School (LIBS), de l’Université Africaine des Sciences (UAS), et de l’Université Internationale de Libreville (UIL)
Ensuite, vingt-cinq (25) établissements ont été placés sous accompagnement pour régularisation, quatre font l’objet d’un rejet et sept sont sous le coup de la fermeture. On enregistre également quatre (4) dossiers non soutenus et trois (3) autres non déposés».

Pouvez-vous rassurer le public que les établissements hors normes seront confrontés à la loi en vigueur jusqu’au bout ?

«Pour garantir le respect des délibérations de la Commission, le ministre de l’Enseignement Supérieur peut prendre des mesures préventives ou répressives.
Au titre des mesures préventives, qui engagent l’ordre public, j’ai adressé une correspondance à Monsieur le ministre de la Communication et de l’Economie numérique, porte-parole du Gouvernement, afin d’obtenir auprès de lui, la suspension immédiate des publicités relatives aux établissements faisant l’objet d’un placement sous accompagnement, d’une délibération de rejet, ou d’une ordonnance de fermeture.
Au titre des mesures répressives, j’ai également adressé une correspondance à Monsieur le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, de la Justice, Garde des Sceaux, afin de requérir la force publique pour veiller à l’application des présentes délibérations. De même, je prendrai un arrêté fixant les sanctions applicables à tout contrevenant conformément à l’article 30 du décret 1039».

Quel sort est réservé aux étudiants desdits établissements ? Notamment ceux qui y sont envoyés par l’Etat, quand on sait la surpopulation au public, alors que les cours ont déjà débuté pour certains.

«Avant de répondre à la question relative au sort des apprenants, je me permets de rappeler le principe en ce qui concerne le calendrier académique des Universités et Grandes Ecoles en République Gabonaise.
En vertu de la loi 21/2011 du 14 février 2012 portant orientation générale de l’Education, de la Formation et de la Recherche en République gabonaise et de la loi 21/2000 du 10 janvier 2001 fixant les principes fondamentaux de l’Enseignement Supérieur, le calendrier académique des Universités et Grandes Ecoles publiques et privées d’enseignement supérieur est fixé par arrêté du ministre de tutelle, pris sur délégation du Premier ministre, chef du Gouvernement.
A ce propos, un arrêté fixant le calendrier académique 2019-2020 est en préparation, et sera bientôt soumis au Premier ministre, chef du Gouvernement. En conséquence, sans arrêté du ministre de tutelle, aucun établissement public ou privé ne peut débuter les enseignements, pour le compte de l’année académique 2019-2020. Dans ce sens, une circulaire à été adressée, aux chefs d’établissements publics d’enseignement supérieur, et elle a vocation à s’étendre à ceux du privé.
S’agissant du sort des apprenants des établissements qui font l’objet d’une délibération de rejet ou d’une ordonnance de fermeture, il faut tenir compte de leur statut. Pour les étudiants boursiers, l’Agence Nationale des Bourses du Gabon procédera à leur transfert vers des établissements publics ou privés qui offrent les mêmes filières de formation. Pour les étudiants non boursiers, ces établissements ont l’obligation d’organiser leur transfert vers des établissements autorisés à ouvrir et qui offrent les mêmes filières de formation habilitées par l’Etat».

Que dire des services de contrôle de votre département ministériel ? Est-ce le travail au quotidien ? Parce qu’on a l’impression qu’il faut toujours ce genre d’opération d’envergure pour filtrer les mauvais établissements ?

«La Commission pour l’Enseignement Supérieur Privé effectue un contrôle périodique des établissements privés. Le contrôle régulier et permanent, quant à lui, doit être assuré par l’Inspection générale du ministère. Poste non pourvu à ce jour, pour des raisons de resserrement budgétaire, j’en solliciterai la reconduction auprès du président de la République et de Monsieur le Premier ministre, pour garantir l’efficacité de notre mission».

Votre mot de fin, Monsieur le ministre.

«En guise de conclusion, l’Université gabonaise aura cinquante (50) ans, l’année prochaine. C’est maintenant qu’il faut convenir de ce qu’elle sera dans les cinquante (50) prochaines années. C’est dans cet esprit que le Gouvernement entend la moderniser progressivement. Cette opération de modernisation a commencé par la mise en place d’un tableau de bord opérationnel qui renseigne sur le déficit infrastructurel, le déficit du personnel enseignant, la surpopulation étudiante et la grave inadéquation formation-emploi.
Elle se poursuit avec la présentation du tableau de bord de l’enseignement supérieur privé qui montre que malgré de bons élèves, le gros lot des établissements d’enseignement supérieur privé fonctionne dans l’irrégularité.
Fort de ce qui précède, le Gouvernement entend renforcer les capacités d’accueil des universités et grandes écoles publiques par la construction de cinq nouveaux amphithéâtres, notamment trois à l’Université Omar Bongo, un à l’Université des Sciences de la Santé et un à l’Université des Sciences et Techniques de Masuku ainsi que par l’ouverture de quatre nouveaux bassins académiques à Akanda, à Mouila, à Port-Gentil et à Oyem.
Par tous ces mécanismes, nous visons, et c’est notre ambition, harmoniser autour des standards que nous allons définir ensemble, les enseignements des établissements publics et privés du supérieur.
Et enfin, le Gouvernement souhaite parvenir à une adéquation, formation-emploi, par la réforme des curricula de manière à orienter les apprenants vers des filières à fort taux d’employabilité».

Propos recueillis par Jean OSSIE OTOUNGA
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