Dans un post publié sur sa page Facebook, l’opposant, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2016, s’en est pris directement et exclusivement au Président gabonais. Une première depuis un an.
L’essentiel, c’est bien connu, est dans les non-dits. A fortiori à l’ère des réseaux sociaux où l’hyper-communication provoque une embolie sur la parole politique.
Le dernière post publié par Jean Ping sur sa page Facebook en est la parfaite illustration.
Réitérant qu’il était le seul président élu – « seul Jean Ping possède la légitimité démocratique et populaire », écrit-il, parlant de lui à la troisième personne -, l’opposant s’en est pris vertement à Ali Bongo Ondimba, quelques jours après la date anniversaire de son investiture à la présidence du Gabon.
Un tournant car jusqu’à présent, M. Ping avait réservé ses flèches les plus acérées à l’entourage du président, et en particulier à son directeur de cabinet, Brice Laccruche Alihanga qui faisait office de rempart.
Mais depuis le retour d’Ali Bongo Ondimba, pour l’ancien chef de file de l’opposition lors de la présidentielle de 2016, la situation était devenue très compliquée. Contestée à la fois par les autres barons de l’opposition (Guy Nzouba-Ndama, Alexandre Barro-Chambrier, Zacharie Myboto…) et par les jeunes loups aux dents longues (Nicolas Nguema, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, Mike Jocktane…), le leader de la Convention pour la Nouvelle République (CNR) n’apparaît plus comme le leader naturel de son camp dans la perspective de la prochaine élection présidentielle prévue en 2023.
Incapable de tirer partie de l’AVC d’Ali Bongo survenu le 24 octobre 2018, ses appels au soulèvement populaire sont restées lettres mortes. N’en démordant pas, il a alors tenté d’accréditer l’idée, à travers une communication savamment distillée, de la vacance du pouvoir présidentielle, soutenant qu’Ali Bongo Ondimba n’était plus capable de présider le Gabon et que le pouvoir était en réalité confisqué par son entourage. En s’en prenant à nouveau à lui, Jean Ping reconnait aujourd’hui implicitement que le chef de l’Etat est bel et bien aux commandes du pays.
Jean Ping a été pendant plusieurs décennies l’un des piliers du régime d’Omar Bongo avant de jouer, à la mort de ce dernier, sa propre carte, en revêtant les habits neufs de l’opposant qu’il n’a jamais été durant toute sa carrière. Arrivé deuxième de l’élection présidentielle de 2016, il continue, trois ans après, seul contre tous, à revendiquer sa victoire. Il aura 81 ans en 2023 lors de la prochaine élection présidentielle. Nombre de Gabonais ont une opinion mitigée à son sujet. Beaucoup le soupçonnent de s’être considérablement enrichi du temps où il était le directeur de cabinet d’Omar Bongo.