Brossant le tableau d’un pays plongé «dans un chaos qui dépasse les limites du supportable», surtout depuis le début des ennuis de santé d’Ali Bongo, l’ancien candidat à la présidentielle de 2016 appelle ce samedi 12 octobre à l’«urgente» déclaration de la vacance au sommet de l’État. Il semble fermement compter sur l’intervention de la France pour ce faire.
Plus d’un mois après sa dernière sortie, en août dernier, Jean Ping a repris la parole, samedi, à Libreville. S’il n’a pas surpris ses sympathisants, dont certains attendaient un coup d’éclat pour cette nouvelle prise de parole, son discours tend désormais à rejoindre la position du collectif Appel à Agir vis-à-vis duquel il s’était montré peu convaincu, voire craintif, y compris après sa rencontre avec certains des 10 initiateurs de cette plateforme, en mars 2019. Sept mois après, se basant sur les dernières sorties publiques d’Ali Bongo, le patron de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) appelle lui aussi à la déclaration de la vacance du pouvoir au sommet de l’État.
«Depuis le spectacle affligeant d’Ali Bongo aux cérémonies du 17 août dernier, le peuple gabonais et la communauté internationale ne peuvent plus se retrancher derrière les supputations et prétendre ne rien savoir de l’état réel de la santé d’Ali Bongo. Plus qu’une intime conviction, il s’agit d’un constat définitivement accablant qui saute aux yeux du monde : Ali Bongo n’est plus en capacité de gérer le pouvoir usurpé, au point de servir de marionnette à de nouveaux usurpateurs qui livrent le pays aux enchères», a-t-il déclaré, affirmant que la situation personnelle du président de la République plonge le pays «dans un chaos qui dépasse les limites du supportable».
Pour Jean Ping, en effet, depuis le début des ennuis de santé du chef de l’Etat, «le Gabon est danger de mort». L’opposant décrit un pays ayant «basculé dans l’inconnu, livré aux aventuriers, pillé, piétiné, martyrisé, humilié» et que l’on peine à considérer encore comme un État.
Sans jamais le nommer, le chef de file de la CNR rend implicitement Brice Laccruche Alhianga responsable de cette situation qu’il juge périlleuse, y compris pour les relations entre la France et le Gabon. D’autant que, prétend-il, les actes du directeur de cabinet d’Ali Bongo font naître «un sentiment anti-français, dont il faut redouter les effets, à terme».
Aussi, l’opposant en appelle-t-il à l’intervention de la France, «pour ne pas laisser perdurer les agissements irresponsables et dangereux, d’un de ses ressortissants, dont il connaît tout de ses origines réelles et de ses méfaits antérieurs». L’objectif, rappelle-t-il, est la préservation «de l’amitié entre nos deux États et de leurs intérêts respectifs».
En attendant l’intervention de ce «partenaire historique», Jean Ping qui attend toujours «la reconnaissance du vote souverain exprimé par le peuple gabonais, le 27 août 2016», assure devoir poursuivre son action diplomatique. «Je reste engagé dans le rapport de force intelligent qui a fait ses preuves, à travers l’action de mobilisation aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur», a-t-il déclaré, tout en renouvelant sa main tendue aux Gabonais de tous bords politiques.