Censée rapporter plus de 140 millions de francs CFA par mois au bénéfice des médias publics, la Redevance audiovisuelle et cinématographique (Rac) est actuellement au centre d’une nouvelle grève des agents de la Maison Georges Rawiri, siège des groupes Gabon Télévisions et Radios Gabon, qui n’en voient pas la couleur.
«Où va l’argent de la Rac ?» Ces dernières semaines, cette question n’a pas cessé de revenir au sein de la Maison Georges Rawiri, où agents et personnels de la main-d’œuvre non permanente sont à nouveau rentrés en grève. Initiateur de ce énième débrayage, le Syndicat des professionnels de la communication (Syprocom) s’étonne de la résurgence des difficultés financières pour les travailleurs des médias publics.
«Nous avons des arriérés de frais de production qui datent de 10 mois», déplore Aminata Ondo, présidente du Syndicat national des personnels de l’audiovisuel public (Synapap), selon qui plusieurs agents sont en attente de leurs postes budgétaires depuis de longues années. Or, a-t-elle assuré au ministre de la Communication, lors de leur réunion du 3 octobre, sans argent, le lancement de la nouvelle grille des programmes de Gabon 1ère ne saurait être possible dans les prochaines semaines comme annoncées par l’ex-directeur général, limogé mercredi. À la télévision comme à la radio, des animateurs et personnels de la main-d’œuvre non permanente comptabilisent plusieurs «cachets» impayés, quand certains touchent à peine 150 000 francs d’indemnité mensuelle.
Pour les syndicalistes, l’instauration, en 2017, de la Rac, dont l’entrée en vigueur est effective depuis le 1er janvier 2018, était censée améliorer les conditions de travail et de rémunération à la Maison Georges Rawiri. Il n’en est visiblement rien.
Pour autant, les téléspectateurs n’ont pas cessé de payer cette redevance, à raison de 500 francs chaque mois. Cette somme est prélevée auprès des abonnés Canal+ (évalués à 270 000 clients, soit 135 millions/mois), Satcon et TNT Africa. Les opérateurs du secteur privé de la communication audiovisuelle, écrite et numérique, ainsi que tous les importateurs, vendeurs et revendeurs de postes téléviseurs sont également astreints au paiement de la Rac. Chaque année, les médias publics et l’Institut gabonais de l’image et du son (Igis) devraient donc toucher près de 2 milliards de francs.