Ancien monsieur élection durant plus de 2 décennies, Lambert Noël Matha, 61 ans, vient d’être viré du gouvernement.
Cette mise à l’écart qui se dessinait déjà en janvier dernier lorsque que celui qui avait acquis le petit nom de « Monsieur élections » précipite Lambert Noël Matha vers l’enfer. L’homme a été au cœur de toutes les élections politiques organisées dans le pays ces 25 dernières années. Il a occupé les fonctions de Secrétaire général du très stratégique ministère de l’Intérieur durant 21 ans et 5 mois. A ce poste, il était le technicien qui supervisait le recensement et la confection de la liste électorale.
Devenu doyen des secrétaires généraux de l’administration gabonaise, Lambert Noël Matha a fourbi ses armes. Il a vu défiler plusieurs ministres de l’Intérieur dont Antoine de Padoue Mboumbou Miyakou, André Mba Obame et Pacôme Moubelet Boubeya.
L’heure de gloire du natif de Brazzaville a sonné en novembre 2016. L’éternel Secrétaire général du ministère de l’Intérieur, devient ministre d’Etat de ce ministère. Tous les matins, il marche sur le tapis rouge alors que les policiers sous ses ordres font la haie d’honneur. Il dirige le CEDOC, célèbre service de renseignements.
Originaire du Haut Ogooué, il a la confiance du chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba. Il a sur sa table la gestion de la crise post-électorale ponctuée par des nombreux meetings de l’opposition suivis des marches improvisées.
Passé cette période trouble de l’histoire du Gabon, Lambert Noël Matha a soudainement une nouvelle patate chaude entre les mains. Des rumeurs les plus folles annoncent le décès du président de la République, Ali Bongo Ondimba, suite à un AVC à Riyad en Arabie Saoudite en octobre 2018.
Le doute et l’incertitude gagnent le pays. Une décision d’interdiction de sortie du territoire, attribuée au ministre de l’Intérieur, frappe plusieurs personnalités. Le pays tangue mais ne bascule pas. Le ministère de l’Intérieur réussi dans ce contexte d’organiser des élections générales (locales et législatives couplées).
Au sortir de ce scrutin remporté, haut les mains, par le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), Lambert Noël Matha est éjecté du ministère de l’Intérieur. Il est envoyé au ministère de la Décentralisation. Il ne manifeste pas un grand intérêt pour ce nouveau challenge. Son étoile a tout de suite pali. Il se fait discret.
Son éviction du gouvernement fait de lui un simple citoyen sans attributs du pouvoir. Il n’est ni élu local, ni député ou sénateur. Le glas semble avoir sonné. A moins que le palais du bord de mer ait échafaudé un nouveau plan de carrière pour ce grand commis de l’Etat.