Libreville – Depuis plusieurs années déjà, il n’est pas rare de rencontrer, dans plusieurs quartiers, des jeunes munis de brouettes remplies d’ordures ménagères. L’un d’entre eux, en la personne de M. Jean-Félix Obe Ndongo, a accordé une interview à notre rédaction dans l’objectif de nous dévoiler les facettes de son activité.
Infos Gabon : D’où vous est venue l’idée de vous lancer dans l’activité de pré-collecte d’ordures ménagères ?
Jean-Félix Obe Ndongo : L’idée est venue d’un constat. Nous avons constaté qu’il y a plusieurs ordures jetées çà et là, autour des habitations. Ces dernières occasionnent le bouchage des caniveaux. C’est dans l’optique de rendre un peu plus propre notre environnement, mais mieux encore nos habitations comme c’est le cas partout ailleurs que je me suis lancé dans la pré-collecte d’ordures ménagères.
Infos Gabon : Depuis combien de temps êtes-vous engagé dans cette structure de pré-collecte, et qu’elles sont les difficultés rencontrées ?
Jean-Félix Obe Ndongo : Ça doit faire un peu plus de sept (7) ans que je suis dans cette activité, sans pour autant voir le temps passer. En ce qui concerne l’autre pan de votre question, je dirais que les difficultés sont de plusieurs ordres. Il faut déjà dire qu’en période de vacance, nous avons plusieurs de nos abonnés qui vont en vacance. C’est une situation qui met un peu en mal les finances de l’entreprise. Dès la rentrée scolaire, les choses reviennent à la norme, notamment dans la période allant d’octobre à mai. C’est également dans cette tranche que l’activité est intense.
L’autre difficulté rencontrée et non des moindres, c’est le retour de la saison des pluies. S’il pleut pendant toute la journée et pendant plusieurs jours, il va s’en dire que nous allons également faire autant de jours sans travailler. Une situation qui a des conséquences sur la quantité d’ordures ménagères à collecter. Mais aussi sur le chronogramme de travail, sans pour autant omettre l’état de la route qui est en piteux état, en pareil circonstance.
Infos Gabon : Comment est organisée votre journée de travail, et arrivez-vous à vous prendre en charge?
Jean-Félix Obe Ndongo : Notre journée de travail commence par le passage en revue de nos outils de travail, qui sont essentiellement la brouette et les sachets. Nous regardons l’état de la roue qui est d’un autre genre. Si elle a perdu de l’air, on l’ajoute. On s’assure également qu’on a pris les sachets. Vu que lors de la collecte, les ordures sont déposées dans des sachets poubelles qui sont dans les bacs.
On doit donc les remplacer par d’autres sachets lors de la collecte pour éviter que les abonnés les déposent directement dans les bacs. Cette politique permet de rendre l’opération de collecte plus efficace et moins pénible. Elle nous confère aussi un gain de temps. Une fois ces détails réglés, on peut commencer la collecte en passant de maison en maison. Il faut révéler que chaque pré-collecteur a une zone et des jours de collectes biens spécifiques
Pour ce qui est de la seconde question, je dirais que j’arrive à me prendre en charge par la grâce de Dieu. Ce n’est déjà pas facile, mais on s’y fait. Lorsque vous arrivez déjà à payer votre loyer, à vous occuper de votre famille, c’est toute la raison même d’un emploi. Il y a souvent des situations qui font en sorte qu’on connaisse un certain retard, mais je dirais que dans l’ensemble, on arrive à faire face.
Infos Gabon : Quelles sont vos ambitions ?
Jean-Félix Obe Ndongo : La première, ce serait déjà de voir cette structure de pré-collecte s’agrandir. Avoir de plus en plus d’abonnés pour une plus grande collecte, afin qu’il y ait de moins en moins des déchets que l’on retrouve çà et Là. Que cette ambition soit également la même sur l’ensemble des quartiers de Libreville.
Je sais que c’est une activité assez difficile qui demande de la volonté, de l’abnégation. Beaucoup de personnes qui se sont essayées n’ont pas fait plus d’un an pour la simple raison que le travail consiste à collecter les ordures ménagères. Et pour y parvenir, il faut du courage.
Infos Gabon : Votre mot de fin
Jean-Félix Obe Ndongo : Je voudrais d’abord vous remercier pour cette interview. Puis, inviter les jeunes à se prendre en main. Il y a un dicton qui dit “qui ne risque rien n’a rien”. Il est important pour tout homme de se prendre en main, quelles que soit les difficultés. Hier nous étions gamins, aujourd’hui nous devons préparer l’avenir de nos enfants.