Au palais Omar Bongo Ondimba où les sénateurs ont fait leur rentrée, lundi, le sujet de la décentralisation a à nouveau été évoqué. Présidente de l’institution, Lucie Milebou-Mboussou l’a présentée comme une réponse aux préoccupations des populations locales qui s’impatientent.
Attendue depuis plusieurs années jusqu’à l’annonce par Ali Bongo, le 31 décembre 2017, de la création du Fonds d’investissement départemental (FID) censé financer le développement des collectivités locales, la décentralisation est restée jusque-là un simple concept, une idée que l’Exécutif semble ne pas voir se matérialiser. Pourtant ces dernières années, de nombreux élus locaux, y compris ceux issus de la majorité, la présentent comme un véritable gage de développement pour leurs différentes localités. C’est, en tout cas, la conviction des sénateurs, qui l’on exprimée, le 2 septembre, au Premier ministre Julien Nkoghe Bekale par la voix de la présidente de l’institution.
Comme elle l’avait déjà indiqué en mars dernier, à l’occasion de l’ouverture de la première session de l’année courante, Lucie Milebou-Mboussou a à nouveau assuré le chef du gouvernement de la nécessité de conférer aux localités une certaine autonomie. «Nous devons, ensemble, tout mettre en œuvre, pour accélérer le processus de décentralisation et le transfert des compétences aux collectivités locales via des approches innovantes comme le Fonds d’initiative départementale lancé en 2018», a-t-elle exhorté, disant avoir été sensible au discours à la Nation du président de la République qui, le 16 août dernier, a invité le gouvernement à se «préoccuper du sort [des populations] de l’intérieur du pays».
Eviter de construire «le Gabon d’à côté»
À la suite du chef de l’État, la présidente du Sénat estime, en effet, que «les perspectives de développement ne doivent pas se limiter aux grandes villes». Aussi, perçoit-elle le FID comme un outil capable d’impulser le développement des localités du Gabon. «Cette initiative devrait améliorer, un tant soit peu, le quotidien de nos compatriotes de l’arrière-pays», pense-t-elle, disant craindre l’abandon d’une partie du pays au profit d’une autre.
Pour l’élue de Fougamou, «il ne faut pas que se crée le ‘‘Gabon d’à côté’’, le ‘‘Gabon périphérique’’, c’est-à-dire, cet ensemble sociologique qui s’étend des marges périurbaines les plus fragiles des villes, jusqu’aux espaces ruraux, en passant par les petites communes, qui se trouverait mis à l’écart du développement».
Aussi, affirme-t-elle que «le discours du chef de l’État devrait, à travers ses orientations, améliorer l’environnement de l’arrière-pays, pour un bon vivre ensemble dans la maison Gabon».