Se montrant particulièrement dur dans la négociation avec la compagnie pétrolière malaisienne, le ministère gabonais du pétrole a obtenu des conditions inhabituellement favorables, au regard du passé, dans la signature des blocs offshore F12 et F13. Libreville veut y voir un précédent qui a vocation à s’appliquer désormais à l’ensemble des transactions en la matière.
Fut un temps où les pétroliers avaient la part belle au Gabon dans le partage de la manne pétrolière. L’Etat devait, lui, se contenter d’une part plus ou moins congrue. Ce temps n’est plus. En tout cas, c’est ce qu’entendent les autorités gabonaises.
Celles-ci s’appuient sur un management totalement renouvelé dans le secteur pétrolier ces derniers mois avec un nouveau ministre (Noël Mboumba a remplacé le 13 juin dernier Pascal Houangni Ambouroué), un nouveau directeur de la Gabon Oil Company (GOC), l’entreprise publique qui gère les participations de l’Etat en la matière (Patrichi Christian Tanasa) et de nouveaux fonctionnaires au sein du ministère et dans les administrations sous tutelle.
Ce spoil system qui ne dit pas son nom porte manifestement ses fruits. En témoignent « les bonus de signature négociés début août avec la société pétrolière malaisienne Petronas sur les blocs offshore F12 et F13 : 40 millions sur le bloc de Yitu (F12) et 23 millions sur le bloc Meboun (F13) », renseigne Africa Energy, lettre spécialisée appartenant au même groupe que La Lettre du Continent. Situés au large des côtes du sud du Gabon, ceux-ci couvrent une superficie d’environ 4 300 km3.
Les deux contrats d’exploration et de partage de production ont été signés par le nouveau ministre des Hydrocarbures Noël Mboumba et Petronas le 2 août (lire notre article), soit « deux semaines seulement après la promulgation du nouveau code pétrolier », relève Africa Energy. « Cette nouvelle loi (…), validée par le président Ali Bongo mi-juillet, comprend une baisse importante des taxes et des participations minimales de l’Etat sur chaque bloc », précise la lettre spécialisée.
« L’ancien code, trop drastique, s’était révélé défavorable aux investissements. Il était donc nécessaire de le réviser en profondeur », précise un fonctionnaire du ministère gabonais des Hydrocarbures.
Si le Gabon compte sur son secteur pétrolier pour équilibrer ses comptes publics à court-moyen terme, il donne désormais la priorité au développement des autres secteurs de l’économie afin de s’extraire de sa dépendance vis-à-vis du brut, comme des autres matières premières d’ailleurs (manganèse…).
Ces deux dernières années, cette politique de diversification de l’économie s’est intensifiée. Le bois, l’agriculture, le tourisme, mais aussi la santé font partie des secteurs sur lesquels les autorités gabonaises portent une attention particulière.
Leur objectif est de créer davantage de valeur ajoutée localement et donc plus d’emplois, priorité numéro un affichée par le président Ali Bongo dans son discours du 8 juin dernier et rappelée dans celui qu’il a prononcé le 16 août, à la veille de la fête nationale.