Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment
Accueil
News
Politique
Article
Politique

Appels à réconciliation nationale : La mémoire et les concessions mutuelles
Publié le vendredi 30 aout 2019  |  Gabon Review
Fête
© Gabon Review par DR
Fête de l`indépendance : Morceaux choisis de la parade militaire
Libreville, 17 août 2019. Le président de République, Ali Bongo, a assisté au défilé militaire pour le 59e anniversaire de l`indépendance du Gabon.
Comment


Là où certains plaident pour un de pacte de l’oubli, ces demandes doivent songer à la création d’un mécanisme de mise à disposition d’informations sur les exactions dissimulées tout en insistant sur la responsabilisation des parties. Quand d’autres militent pour une amnésie collective, elles doivent chercher à restaurer la dignité des victimes tout en leur offrant des garanties de non-répétition.

C’est une des antiennes les plus entonnées depuis la présidentielle d’août 2016. À chaque difficulté éprouvée par le corps social, il se trouve un politique pour la ressortir. Après la proposition de loi d’amnistie formulée par Emmanuel Issoze-Ngondet (lire «Ils n’en veulent pas»), après les suggestions de Louis-Gaston Mayila et ses alliés de «l’opposition modérée» (lire «Appel à la réconciliation»), après les préconisations de Paul Mba Abessole et les «Notables de la République» (lire «Pour une réconciliation»), c’est maintenant au tour des religieux d’appeler à la réconciliation nationale (lire «Appel au pardon»). Ayant systématiquement fait long feu, ces initiatives se rejoignent sur un point : la nécessité de décrisper le climat socio-politique ou, tout au moins, de créer les conditions de pourparlers au sein de la classe politique. C’est dire si elles ont un air de déjà entendu. C’est aussi dire si elles rappellent «l’Appel à la paix des braves», lancé au lendemain de la présidentielle contestée de décembre 1993.

Ne pas subir le passé

Au regard des expériences du passé, ces initiatives peuvent légitimement être balayées d’un revers de main. Mais, elles posent un problème de fond. Malgré les quolibets de la société civile, en dépit de l’exaspération manifestée par l’opposition, nonobstant l’indifférence du pouvoir, la demande de réconciliation nationale fait encore sens. Cependant, pour plus de crédibilité, elle doit tenir compte des fondamentaux éprouvés sous d’autres cieux. Là où certains plaident pour un pacte de l’oubli, elle doit préconiser un pacte de la mémoire. Quand d’autres militent pour une amnésie collective, elle doit défendre l’expression de la vérité. Autrement dit, elle doit songer à la création d’un mécanisme de mise à disposition d’informations sur les exactions dissimulées tout en insistant sur la responsabilisation des parties. Elle doit, tout à la fois, chercher à restaurer la dignité des victimes tout en leur offrant des garanties de non-répétition. Pour tout dire, elle doit s’inscrire dans la quête d’une vision globale et prospective de la société. Autrement, elle ferait l’impasse sur la construction de l’Etat de droit et de la démocratie.

À ce jour, tous les appels à la réconciliation nationale se ramènent à une volonté de parvenir à la cohésion sociale au prix de l’impunité. En d’autres termes, ces requêtes font la promotion d’une amnistie préjudiciable au vivre-ensemble. Or, pour mieux envisager l’avenir, les sociétés traumatisées ont le devoir de revisiter leur passé. Mieux, elles doivent s’accorder sur un récit national éloigné des considérations politiciennes. En dénonçant «(les) idéologies mensongères qui maintiennent nos concitoyens dans des niveaux d’irresponsabilité, d’aveuglement et de manque de discernement (…)», les religieux n’ont pas dit autre chose. Sans s’en rendre compte, ils ont acté la nécessité de ne pas subir le passé. Involontairement, ils ont reconnu l’obligation pour chacun de répondre de ses actes.

Processus historique

Comme d’autres avant eux, les religieux ont mal cerné les notions de «pardon» et «réconciliation nationale». En se contentant de mettre à l’index «l’injure, la violence verbale, la méchanceté gratuite, l’intolérance, la désinformation et les propos qui véhiculent la haine et la division», ils ont enjambé les violations des droits de l’homme, minimisant ainsi la responsabilité des institutions dans les dérives observées. Au-delà, ils ont omis une réalité : si les négociations débouchent souvent sur des compromis, leurs résultats résistent rarement à l’épreuve du temps. On l’a vu avec les «Accords de Paris», les «Accords d’Arambo», le «Dialogue d’Angondjé» (lire «L’opposition dénonce le tripatouillage des Actes du Dialogue») et, dans une certaine mesure, la Conférence nationale. La «réconciliation nationale» peut-elle être envisagée comme suggérée par Basile Mvé Engone, Augustin Bouengone, Michel Francis Mbadinga et Ismaël Oceni Ossa ? On ne peut le soutenir…

Déjà, moins d’une semaine après la remise de leur mémorandum, quatre faits ont semé le doute sur la volonté du pouvoir d’en finir avec ce climat de tension socio-politique : suspension du premier président de la cour d’appel de Libreville par le secrétaire général de la Chancellerie, interdiction de sortie du territoire national infligée au vice-président du parti Les Démocrates et, last but not least, suspension de l’accréditation du correspondant de Radio France international (RFI) et de votre web magazine. Peu importent les motivations de ces décisions, un rappel s’impose : la réconciliation nationale ne se décrète pas. Au Gabon comme ailleurs, elle sera le résultat d’un processus historique et de concessions mutuelles.
Commentaires

Sondage
Nous suivre
Nos réseaux sociaux


Comment

Comment