Sa défense de l’avocat du collectif d’opposants Appel à agir, à la peine hier soir lors d’un débat sur le plateau de TV5, est diversement appréciée par les Gabonais.
Au Gabon, il est courant d’entendre que Marc Ona Essangui voit le monde non pas tel qu’il est mais tel qu’il voudrait qu’il soit. Une manière de pointer du doigt sur le caractère idéaliste, un peu rêveur du personnage, qui cultive un rapport singulier à la réalité.
La démonstration en à de nouveau était faite ce matin alors que l’intéressé réagissait à un débat organisé la veille par TV5 entre l’avocat du président Ali Bongo et celui du collectif Appel à agir. Débat lors duquel ce dernier, Me Calvin Job, peu à son aise, a eu toute les peines du monde à argumenter sur le plan juridique et convaincre les téléspectateurs, usant et abusant de dégagements, d’esquives et autres procédés rhétoriques pour éviter d’avoir à aborder les questions de fond (lire nos deux articles sur le sujet ici et ici).
Mais peu importe cette réalité. Marc Ona préfère, lui, faire mine d’avoir vu autre chose. « le pauvre avocat d’Ali Bongo a vraiment bu sa (sic !) tasse en direct de TV5MONDE. Il y’a la télé à ne pas confondre avec le palais de justice. Que nenni ! », a-t-il réagi ce matin sur son compte Twitter. Un commentaire à la grammaire et à l’orthographe douteux, assorti de smiley du type de ceux qu’affectionnent tout particulièrement les adolescents.
« Marc Ona, c’est le type qui affirme que le canapé bleu dans votre salon est rouge »
Aussitôt, l’activiste, réputé pour s’adonner sur les réseaux sociaux à un Gabon bashing permanent, quitte à prendre certaines libertés avec la réalité, s’est attirer une volet de critiques.
« Le stratagème est grossier, la ficelle usée et le disque raillé », raille Anthony Mba sur Facebook, qui se présente comme un partisan du PDG, le parti au pouvoir. « Plutôt que de discuter sur le fond, Marc Ona préfère un jugement général. C’est la stratégie de l’écran de fumée. Désolé, ça ne prend pas. Nous ne sommes pas naïfs », réagit Alain, un internaute habitant Lambaréné. « Marc Ona, c’est le type qui affirme que le canapé bleu dans votre salon est rouge », s’amuse Steeve, qui vit à Port-Gentil, sur Twitter, ajoutant que l’activiste « tente de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. »
« J’attendais mieux de la part de l’avocat d’Appel à agir. Il aurait dû être mieux préparé »
Plus surprenant, les propos de Marc Ona ne suscitent guère d’enthousiasme du côté de l’opposition. « On peut être partisane de l’opposition comme je le suis. Mais je ne pense pas que nier la réalité soit une bonne chose. J’attendais mieux de la part de l’avocat d’Appel à agir. Il aurait dû être mieux préparé », déplore Clarysse, Gabonaise vivant en France, toujours sur le réseau social Facebook.
Même tonalité dans le monde politique où Marc Ona n’a pas que des amitiés, y compris au sein de l’opposition. C’est le cas notamment chez les Démocrates, premier parti d’opposition à l’Assemblée nationale. Ayant choisi de jouer le jeu des institutions, ses membres goûtent peu les foucades médiatiques de ce « collectif d’opposants de troisième ordre », comme ils les qualifient.
« Je ne sais si c’est Marc Ona qui tweete ou son neveu »
« Marc Ona est très puéril dans son usage des réseaux sociaux. Son style sarcastique et sans nuance fait penser à un adolescent. Je ne sais si c’est lui ou son neveu qui tweete. En tout cas, ses propos ne sont pas à la hauteur d’un débat public mature et responsable », cingle l’un des proches de Guy Nzouba-Ndama, le président des Démocrates, qui se positionne en potentiel chef de file pour l’élection présidentielle de 2023.