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Bilie-By-Nze : «Le Gabon doit se préparer à s’ouvrir»
Publié le samedi 24 aout 2019  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Le ministre, Alain-Claude Bilie-By-Nze
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A l’issue de la cérémonie officielle de remise des clés du nouveau siège de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), le 22 août à Libreville, le ministre gabonais des Affaires étrangères s’est prononcé sur les réformes pour la redynamisation de l’intégration dans l’espace Ceeac. Pour Alain-Claude Bilie-By-Nze, «le pays doit se préparer à s’ouvrir».

Gabonreview : Quel sens donnez-vous à cette dotation d’un siège à la CEEAC ?

Alain-Claude Bilie-By-Nze : C’est une cérémonie que nous avons souhaité organiser à la demande du président de la République. Comme vous le savez certainement, la CEEAC a été créée par un traité de 1982. Et juste après, il y a eu une Conférence des chefs d’Etat tenue à Brazzaville et qui a décidé que le siège de l’institution serait basé à Libreville. Un accord de siège a été signé entre le gouvernement gabonais et la Ceeac. Malheureusement, les locaux qui lui ont été attribués, qui correspondaient en réalité au démarrage de cette institution communautaire, ne correspondaient pas aux besoins actuels de la CEEAC.

Dans le cadre de la réforme de la Ceeac portée par le Gabon, le chef de l’Etat a souhaité l’institution soit dotée d’un siège approprié, en adéquation avec ses ambitions. D’où le choix de ce bâtiment qui abritait les services de la Banque des Etats de l’Afrique centrale. Cette cérémonie revêtait donc un double symbole. C’est le signe de l’engagement du Gabon à travailler pour que la CEEAC soit une réalité. Cela montre aussi l’engagement du chef de l’Etat, avec le concours de ses pairs, à mener à bien la réforme de notre institution communautaire.

L’Union africaine est en pleine réforme et elle a décidé de s’appuyer sur les communautés économiques régionales pour accélérer le processus d’intégration africaine. Un processus qui va conduire jusqu’à la mise en œuvre de l’agenda 2063 de l’Union africaine.

Que peut-on dire des réformes en cours au sein de la CEEAC ?

La volonté des chefs d’Etat et de gouvernement est de faire en sorte que notre communauté économique régionale soit dotée d’instances et organes adaptés aux ambitions. La CEEAC doit jouer pleinement son rôle pour que le projet d’intégration soit une réalité au sein des populations de la sous-région. Les ambitions de la Ceeac peuvent se résumer en trois points majeurs : l’impératif de la paix et la sécurité dans l’espace CEEAC, l’enjeu de l’intégration économique à travers les infrastructures, et la préservation de l’environnement et la promotion du développement durable.

Le secrétariat général sera-t-il transformé en Commission ?

Nous avons voulu que le président de la Commission soit doté de certains pouvoirs qui sont ceux de l’exécutif de la Commission. Il doit avoir assez de pouvoir pour représenter la Commission auprès des partenaires internationaux et les autres communautés économiques régionales. Ces prérogatives doivent lui permettre de faire de grands choix et d’arbitrer. Il s’agit de tirer toutes les leçons de l’expérience du Secrétariat général et de passer à une Commission plus active, plus en phase avec les évolutions actuelles, et répondre aux attentes de nos Etats en matière d’intégration.

Comment réussir l’intégration sans infrastructures ?

Il faut reconnaitre que c’est l’une des faiblesses du projet intégrateur. Les chefs d’Etat vont s’atteler pour combler cette lacune. Dans le cadre des réformes en cours, une commission chargée des questions d’infrastructure est envisagée. Notre ambition est de faire en sorte que le Plan stratégique de la Ceeac qui vise en réalité l’interconnexion des différentes capitales de la sous-région, soit une réalité à moyen terme.

Que répondez-vous aux affirmations selon lesquelles le Gabon n’est pas prêt pour l’intégration ?

Très peu d’Etats sont prêts en tant que tel. C’est un débat. Le Gabon s’active à réformer son économie, avoir des indicateurs qui nous permettent d’y aller. Le principe c’est d’adhérer, de ratifier et d’ajuster notre économie pour que chacun prenne sa part. Je vais prendre deux exemples simples : si vous êtes consommateurs de poulet et que vous n’avez que le Gabon comme marché, non seulement vous ne pouvez plus empêcher la concurrence d’intégrer le marché gabonais. Vous subissez donc la concurrence, mais vous n’avez pas d’espace pour vendre. Par contre, si la libre-circulation des personnes et des biens, la zone économique continentale est une réalité qui est adossée sur la zone économique régionale. Celle-ci permet au producteur de vendre ses poulets aux Camerounais ou aux Tchadiens, sans droits de douanes.

Le Gabon est-il prêt à renoncer à une partie de sa souveraineté ?

La souveraineté du Gabon n’est pas en cause. Aujourd’hui, de nombreux pays se demandent encore ce à quoi sert l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dans la mesure où les grands blocs que sont l’Union européenne, les Etats-Unis signent entre eux des traités de libre-échange. Vous avez récemment suivi la problématique qui est posée au niveau de la Ceta (Traité établi entre le Canada d’une part, et l’Union européenne) entre l’Union européenne et le Canada. Vous avez le traité de l’Alena (Accord de libre-échange nord-américain). Tous ces grands blocs nous disent qu’ils veulent négocier avec l’Afrique, mais dans le cadre de la Zleca. Autrement, ceux qui vont chercher à rester dans leurs frontières ne pourront pas s’en sortir. Le Gabon doit se préparer à s’ouvrir. Parce que ne pas le faire c’est se mettre en position de subir. Le Gabon doit tirer profit de cet avantage d’avoir des produits de qualité, d’avoir engagé la transformation locale de ses matières premières et de se situer demain comme un pays qui exporte plutôt que comme un pays qui importe ce que nous consommons.

A quand la fusion Cemac- CEEAC ?

C’est une mission qui a été confiée au président Paul Biya du Cameroun. Il est en charge de la rationalisation. Ce que nous faisons dans le cadre de la réforme de la Ceeac, c’est de prévoir un certain nombre d’institutions qui, demain, pourront s’harmoniser avec la Cemac et avec d’autres organisations sous régionale. Dans le cadre de la réforme que nous avons mis en place au niveau de la Ceeac et qui reste encore à être entérinée par les chefs d’Etat, on a déjà prévu la problématique liée au parlement communautaire, à la Cour des comptes, à la Cour de justice. Tous ces éléments peuvent, demain, faciliter la rationalisation des institutions et des organes de l’institution.

La question de la monnaie…

Ce n’est plus une question taboue. Aujourd’hui, le débat est sur la table. Il faut que les intellectuels, les économistes et la société civile s’en emparent. Mais la réalité est que si vous prenez la Ceeac, c’est 11 Etats et 6 monnaies. Le francs CFA concerne quelques Etats et les autres ont, chacun, sa propre monnaie. A partir du moment où ce débat est déjà sur la table, chacun se prononcera. Et comme l’a rappelé le président Obiang Nguéma, c’est une discussion qui ne peut pas se faire sans notre partenaire français.
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