Dans une lettre ouverte au Premier ministre, au directeur de cabinet du président de la République et au président de l’Assemblée nationale, l’ancien ministre des Droits humains estime que l’écosystème sociopolitique se détériore de jour en jour. Alexandre Désiré Tapoyo les invite à tout mettre en œuvre pour éloigner le spectre du chaos qui plane sur le pays.
Le Gabon serait-il sous la menace d’une déflagration ? L’ancien ministre des Droits humains, Alexandre Désiré Tapoyo, assure que la menace est réelle au regard du délitement du tissu social. Dans une lettre ouverte, datée du 7 août 2019, adressée au Premier ministre, au directeur de cabinet du président de la République et au président de l’Assemblée nationale, Alexandre Désiré Tapoyo a invité ces «autorités» à tout mettre en œuvre pour éviter l’implosion sociale et politique qui pointe à l’horizon.
«Depuis le scrutin historique d’août 2009, le Gabon est traversé par une lame de fond insidieuse plombant son écosystème sociopolitique de ses subséquentes pesanteurs. Et comme vous le savez, au sortir de l’élection présidentielle de 2016 notre pays a vécu une grave crise politique qui a failli anéantir les fondements de la nation gabonaise et notre vivre ensemble. Cet épisode paroxystique fut pourtant celui d’un processus lancinant dont les manifestations pernicieuses ou flagrantes faisaient déjà, longtemps à l’avance, l’objet d’un certain nombre d’interventions pour tirer la sonnette d’alarme», a-t-il assuré.
Si des efforts communs ont été déployés pour «le bon fonctionnement des institutions», il regrette que ceux-ci n’aient pas permis de recoudre le tissu social, car «notre atmosphère se charge de plus en plus d’électricité, dans une ambiance gazeuse».
Dans sa lettre ouverte, le membre du comité de suivi du dialogue politique d’Agondje ne s’est pas empêché d’interpeller Julien Nkoghe Bekalé, Brice Laccruche Alihanga et Faustin Boukoubi sur les dangers des dérives langagières et la propension des pseudo-intellectuelles qui torpillent la paix.
En effet, «(…) loin des grands rendez-vous électoraux qui suscitent les passions les plus folles, nous assistons(…) aux conséquences d’une exacerbation populo-démagogique du ressenti lié aux difficultés existentielles des populations, mais aussi à la propension de beaucoup d’entre nous à ce que je qualifierais de «mêmeté» pseudo-intellectuelle. J’entends par ce vocable tout ce qui, au lieu de permettre l’émulation républicaine et l’affinement des solutions, fait plutôt le lit à des raccourcis ravageurs et autres subterfuges», a fustigé Alexandre Désiré Tapoyo.
Rappelant que «les grands embrasements naissent des petites étincelles», l’ancien conseiller municipal de Libreville s’est permis une petite genèse des péripéties qu’a traversées le Gabon depuis la disparition de feu Omar Bongo Ondimba en passant par la crise postélectorale de 2016 à aujourd’hui. Mais également, une observation froide de l’histoire politique du pays depuis 1960, permettant de s’apercevoir que le maître-mot de toutes les explosions populaires violentes contre les autorités est l’«exaspération».