Dans une interview exclusive à l’Agence Gabonaise de Presse, le président de l’Alliance pour la renaissance nationale (ARENA), Richard Moulomba Mombo, revient sur l’entretien que son parti a accordé au président du Congrès des agents publics et parapublics de l’Etat, Emmanuel Mvé Mba au sujet de la nécessité d’un dialogue national pour sortir de la crise post-électorale de 2016.
Agence Gabonaise de Presse: Le président du Congrès des agents publics et parapublics de l’Etat, Emmanuel Mvé Mba a eu une rencontre avec vous dans le cadre d’une série qu’il a initiée avec les acteurs politiques de la Majorité et de l’opposition. De quoi avez-vous parlé?
Richard Moulomba Mombo : «Nous avons reçu le collectif des syndicats parapublics et publics conduit par monsieur Mvé Mba, qui sont venus nous exposer, après nous avoir envoyé un courrier, leur démarche et leurs soucis concernant notamment les problèmes socio-politiques, économiques et institutionnels que traverse notre pays aujourd’hui, ont-ils dit. Dans leur démarche il est question d’écouter l’ensemble des partis politiques et de voir ensemble comment sortir de cette crise en discutant. Ils sont persuadés qu’il faut passer par une discussion entre Gabonais. Nous leur avons répondu que dans les échanges nous avons ajusté certaines idées, nous avons globalement fait le constat, mais le problème qui nous partage souvent est celui de la perspective, car les solutions que chacun propose ne sont pas souvent ce que l’on adopte. La solution du dialogue en tant que tel, n’est pas mauvaise en soi, la vraie question est de savoir quel est le contenu qu’on en donne ? Et quelles sont les motivations qu’il y a derrière ?».
«Nous leur avons répondu que l’ARENA qui a une posture claire au plan politique, continue d’exprimer la nécessité d’une vacance de pouvoir, car nous estimons que monsieur Ali Bongo Ondimba n’est plus en capacité de gérer ce pays. De plus, notre position s’affirme pour dire que nous ne sommes pas pour une voie juridique de l’intérim, mais plutôt pour une voie politique dans cet intérim. Nous voulons que l’on constate premièrement que le pouvoir gabonais est aujourd’hui vacant du fait de l’incapacité du président de la République de continuer à gérer les charges dues à sa fonction de président. Deuxièmement, nous ne voulons pas d’un intérim de deux mois au bout duquel une élection présidentielle est organisée parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Nous ne voulons pas que des contestations naissent de là et que des Gabonais meurent encore parce qu’une élection a été mal organisée. C’est peut-être là que nous pourrons éventuellement nous rejoindre avec la proposition des syndicalistes dans le sens de se rencontrer. Nous disons qu’avant de se précipiter vers une élection, il faut dire aux Gabonais de s’asseoir et de se concerter pour dessiner ensemble les contours d’un avenir commun, pour que désormais il n’y ait plus à pleurer des gens à l’issue d’une élection présidentielle.
Au cours de cette concertation, nous mettrons ensemble une architecture pour l’avenir de ce pays, c'est-à-dire une transition de 24 mois qui nous permettra d’avoir un gouvernement de transition, un président de transition et une constituante pour voter les différentes lois, dont deux principales lois. Durant ces 24 mois on pourrait réviser la constitution sur la base de celle de 91 et le code électoral sur la base des lois 7/96 et 10/98 qui sont le corpus du code électoral ancien qui sont sortis, l’une des accords de Paris et celle de 91 étant sortie de la conférence nationale. Nous pensons là que ce sont deux socles qui au sortir de cette transition de 24 mois, des élections présidentielles et législatives devront être organisées. Au sortir de là, nous aurons un nouveau président, une nouvelle Assemblée nationale et un nouveau Sénat ainsi que de nouveaux élus locaux. Nous repartirons sur de nouvelles bases puisque dans cette transition, la mission étant d’organiser des élections libres et transparentes. On mettra en place également la biométrie pour garantir cette transparence électorale. Voilà notre vision bien que nous nous demandions si la concertation à laquelle les syndicats font allusion tient compte de ce que nous nous pensons, là est la grande question ?»
Monsieur le président, comment appréciez-vous cette démarche du président du CAPPE ?
«La démarche on n’a pas à la juger. Ils ont une démarche louable de mon point de vue quel que soit le jugement que l’on donne au contenu, la forme n’est pas mauvaise en soi. Les syndicats cherchent à trouver des solutions à un problème, celui de notre pays, et chacun est bien venu dans ce terrain de solution. Maintenant il faut s’asseoir et discuter pour voir quelle est la meilleure des solutions».
Le camp de Jean Ping auquel vous appartenez est-il prêt pour un dialogue avec le pouvoir ?
«Déjà il faut savoir qu’il ne s’agit pas de dialogue à la va vite, il s’agit d’une réflexion nationale pour dire que notre pays va mal, et jusqu’ici nous nous sommes fait du mal les uns aux autres, comment faire pour partir sur des nouvelles bases, avec en fond le problème de la réconciliation nationale avec la marque d’un nouveau départ ? La deuxième chose que je voudrais préciser c’est que l’ARENA est certes membre de la coalition, mais n’en est pas le porte-parole, quand nous nous parlons, nous n’allons pas d’abord demander à la coalition ce qu’elle en pense, nous ne faisons pas valider nos points de vue. Nous sommes un parti libre, mais nous ne parlons pas au nom de la coalition, nous ne pouvons pas dire d’avance si la coalition trouvera normale».
Vous avez effectué une tournée dans le Haut-Ogooué, quelle est la motivation de cette action ?
«Les acteurs politiques du Haut-Ogooué ont tendance à croire que cette province est particulière et entièrement à part du Gabon, ce qui n’est pas le cas. C’est pour aller dire aux Gabonais et aux Altogovéens que contrairement à ce qu’on leur fait croire qu’ils vont être tous liquidés s’ils ne gèrent plus la présidence de la République, c’est pour les rassurer qu’ils sont des Gabonais comme d’autres et que d’autres Gabonais ont le droit de gérer ce poste là parce que ce n’est pas une propriété ni d’une famille ni d’une province car la fonction de président peut revenir à n’importe quel citoyen du Gabon, car le mérite seul compte. C’est une coïncidence que nous nous y rendons après la tournée des membres du PDG dans cette province. Nous allons répondre à tout ce qu’ils ont dit, c’est de bonne guerre d’ailleurs. Je termine en encourageant les uns et les autres à continuer de travailler pour le Gabon, car le seul survivant de nous tous, c’est le Gabon».